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Le loup et les sept chevreaux

... un conte des frères Grimm

... illustré par Oskar Herrfurth


Le texte du conte a été légèrement modifié pour correspondre à l'illustration de couverture : l'histoire peut être lue dans les deux sens !
Illustration de couverture par MiekeM - Deviant Art -
Le chevreau et les sept petits loups ! par MiekeM - Deviant Art -


Il était une fois une maman chèvre qui avait sept chevreaux, et les aimait tendrement. Un jour qu’elle devait partir dans la forêt pour rapporter quelque chose à manger, elle les rassembla tous les sept et leur dit :

« Je dois m’absenter, mes chers enfants. Faites attention au loup ! S’il arrivait à rentrer dans la maison, il vous mangerait tout crus. Ce bandit sait jouer la comédie, mais il a une voix rauque et des pattes noires : c’est ainsi que vous le reconnaîtrez.


Oskar Herrfurth

— Ne t’inquiète pas, maman, répondirent les chevreaux, nous ferons attention. Tu peux t’en aller sans crainte. »

La chèvre bêla de satisfaction et s’en alla.

Peu de temps après, quelqu’un frappa à la porte en criant :

« Ouvrez la porte, mes chers enfants, votre mère est là et vous a rapporté quelque chose.

Mais les chevreaux reconnurent le loup à sa voix rude.


Oskar Herrfurth

« Nous ne t’ouvrirons pas ! crièrent-ils. Tu n’es pas notre maman. Notre maman a une voix douce et agréable, alors que la tienne est toute éraillée. Tu es un loup ! »

Le loup se rendit dans une droguerie, et y acheta un grand morceau de craie. Il la mangea, et sa voix devint plus douce. Il revint ensuite vers la petite maison, frappa et appela à nouveau :

« Ouvrez la porte, mes chers enfants, votre maman est de retour et vous a rapporté à chacun un petit quelque chose. »

Mais tout en parlant, il posa sa patte noire sur le rebord de la fenêtre ; les chevreaux l’aperçurent et crièrent :

« Nous ne t’ouvrirons pas ! Notre maman n’a pas les pattes noires comme toi. Tu es un loup ! »

Le loup courut chez le meunier et dit : « Enduis ma patte de farine blanche ! » « Le loup veut duper quelqu’un » pensa le meunier, et il fit des manières. Mais le loup menaça : « Si tu ne le fais pas, je te mangerai ! » Le meunier eut peur et blanchit la patte du loup. Eh oui, les gens sont ainsi !

Pour la troisième fois le loup arriva à la porte de la petite maison, frappa et cria :

« Ouvrez la porte, mes chers petits ! Maman est de retour et vous a rapporté quelque chose.

— Montre-nous d’abord ta patte ! crièrent les chevreaux. Il faut que nous sachions si tu es vraiment notre maman. »

Le loup posa sa patte sur le rebord de la fenêtre, et lorsque les chevreaux virent qu’elle était blanche, ils crurent tout ce qu’il avait dit, et ouvrirent la porte. Mais c’est un loup qui entra. Les chevreaux prirent peur et voulurent se cacher.

L’un sauta sous la table, un autre au-dessus du lustre, le troisième dans la cheminée, le quatrième dans un pot de fleurs, le cinquième et le sixième, dans la bibliothèque, et le septième, dans la pendule. Mais le loup les trouva et ne traîna pas : il avala les chevreaux, l’un après l’autre. Le seul qu’il ne trouva pas était celui caché dans la pendule. Lorsque le loup fut rassasié, il se retira, alla s’allonger sur l’herbe, et s’endormit.

Peu de temps après, la maman des chevreaux revint de la forêt. Ah, quel triste spectacle l’attendait à la maison ! La porte était grande ouverte, la table, les chaises, et les bancs étaient renversés, la couverture et les oreillers du lit traînaient par terre. Elle chercha ses petits, mais en vain. Elle les appela par leur nom, l’un après l’autre, mais aucun ne répondit. C’est seulement lorsqu’elle prononça le nom du plus jeune qu’une petite voix fluette se fit entendre :

« Je suis là, maman, caché dans la pendule ! »

Elle l’aida à en sortir, et le chevreau lui raconta que le loup était venu et qu’il avait mangé tous ses frères et sœurs. Imaginez combien la maman pleura ses petits !

Très malheureuse, elle sortit de la petite maison, le chevreau courant derrière elle. Dans le pré, le loup était couché sous l’arbre et ronflait à en faire trembler les branches. La chèvre, en l’observant de plus près, vit que quelque chose bougeait et grouillait dans son gros ventre.


Oskar Herrfurth

« Mon Dieu, pensa-t-elle, et si mes pauvres petits étaient encore en vie ? »

Elle envoya le chevreau chercher des ciseaux, une aiguille et du fil. Puis, elle ouvrit le ventre du monstre : aussitôt, le premier chevreau sortit la tête ; elle continua, et les six chevreaux en sortirent, l’un après l’autre, tous sains et saufs, car, dans sa hâte, le loup glouton les avaient avalés tout entiers. Quel bonheur ! Les chevreaux se blottirent contre leur chère maman. Mais la maman chèvre dit :

« Les enfants, apportez des pierres, aussi grosses que possible, nous les fourrerons dans le ventre de cette vilaine bête, tant qu’elle est encore couchée et endormie. »


Oskar Herrfurth

Et les sept chevreaux farcirent de pierres le ventre du loup, jusqu’à ce qu’il soit plein. La vieille chèvre le recousit vite, de sorte que le loup ne s’aperçut de rien et ne bougea même pas.

Quand il se réveilla enfin, il se leva, et comme les pierres lui pesaient dans l’estomac, il eut très soif. Il voulut aller au puits pour boire. Là, les lourdes pierres l’entraînèrent, et il se noya lamentablement !


Oskar Herrfurth

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