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Photo du rédacteurLucienne

Les hôtes - Hiver -, Émile Verhaeren


Illustration de Ernst Ludwig Kirchner

Nuit d'hiver, par Isaak Brodsky


« Ouvrez, les gens, ouvrez la porte,

Je frappe au seuil et à l’auvent,

Ouvrez, les gens, je suis le vent,

Qui s’habille de feuilles mortes.

 

— Entrez, monsieur, entrez le vent,

Voici pour vous la cheminée

Et sa niche badigeonnée ;

Entrez chez nous, monsieur le vent. »

 

« Ouvrez, les gens, je suis la pluie,

Je suis la veuve en robe grise

Dont la trame s’indéfinise,

Dans un brouillard couleur de suie.

 

— Entrez, la veuve, entrez chez nous,

Entrez la froide et la livide,

Les lézardes du mur humide

S’ouvrent pour vous loger chez nous. »

 

« Levez, les gens, la barre en fer,

Ouvrez, les gens, je suis la neige ;

Mon manteau blanc se désagrège

Sur les routes du vieil hiver.

 

— Entrez, la neige, entrez, la dame,

Avec vos pétales de lys,

Et semez-les par le taudis

Jusque dans l’âtre où vit la flamme.

 

Car nous sommes les gens inquiétants

Qui habitons le nord des régions désertes,

Qui vous aimons - dites, depuis quels temps ? -

Pour les peines que nous avons par vous souffertes. »

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