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Photo du rédacteurLucienne

À ma mère, Théodore de Banville


Arnold Buecklin, L'ïle des morts

Illustration de Francesco Gioli



Lorsque ma sœur et moi, dans les forêts profondes,

Nous avions déchiré nos pieds sur les cailloux,

En nous baisant au front, tu nous appelais fous,

Après avoir maudit nos courses vagabondes.


Puis, comme un vent d’été confond les fraîches ondes

De deux petits ruisseaux sur un lit calme et doux,

Lorsque tu nous tenais tous deux sur tes genoux,

Tu mêlais en riant nos chevelures blondes.


Et pendant bien longtemps, nous restions là blottis,

Heureux, et tu disais parfois : « Ô chers petits !

Un jour vous serez grands, et moi je serai vieille ! »


Les jours se sont enfuis, d’un vol mystérieux,

Mais toujours la jeunesse éclatante et vermeille

Fleurit dans ton sourire et brille dans tes yeux.

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