top of page
Photo du rédacteurLucienne

Le petit Chaperon rouge

... de Charles Perrault


Texte intégral

Illustré par Frank Adams


Le texte et les illustrations de ce conte, sauf couverture, sont dans le domaine public.


chaperon-rouge-scott-gustavson

Illustration de couverture par Scott Gustavson



Il était une fois une petite fille de village, la plus éveillée qu’on n’ait jamais vue : sa mère en était folle, et sa grand-mère plus folle encore. Cette bonne femme lui fit faire un petit chaperon rouge, qui lui allait si bien, que partout on l’appelait le petit Chaperon rouge.


Le petit Chaperon rouge par Frank Adams

Un jour, sa mère, ayant fait des galettes, lui dit :

« Va voir comment se porte ta grand-mère, car on m’a dit qu’elle était malade : porte-lui une galette et ce petit pot de beurre. »

Le petit Chaperon rouge partit aussitôt pour aller chez sa mère-grand, qui demeurait dans un autre village. En passant dans un bois, elle rencontra compère le Loup, qui eut bien envie de la manger. Mais il n’osa, à cause de quelques bûcherons qui étaient dans la forêt.


Le petit Chaperon rouge par Frank Adams

Il lui demanda où elle allait. La pauvre enfant, qui ne savait pas qu’il était dangereux de s’arrêter pour écouter un loup, lui dit :

« Je vais voir ma grand-mère, et lui porter une galette avec un petit pot de beurre que ma mère lui envoie.

— Demeure-t-elle bien loin ? lui dit le Loup.

— Oh ! oui, lui dit le petit Chaperon rouge ; c’est par-delà le moulin que vous voyez tout là-bas, là-bas, à la première maison du village.

— Eh bien ! dit le Loup, je veux l’aller voir aussi : je vais y aller par ce chemin-ci, et toi par ce chemin-là. Nous verrons lequel de nous deux y sera en premier. »


Le Loup se mit à courir de toutes ses forces par le chemin qui était le plus court ; et la petite fille s’en alla par le chemin le plus long, s’amusant à cueillir des noisettes, à courir après des papillons, et à faire des bouquets des petites fleurs qu’elle rencontrait.


Le petit Chaperon rouge par Frank Adams

Le Loup ne mit pas longtemps pour arriver à la maison de la grand-mère. Il frappa :

« Toc, toc !

— Qui est là ?

— C’est votre petite-fille, le petit Chaperon rouge, dit le Loup en contrefaisant sa voix. Je vous apporte une galette et un petit pot de beurre, que ma mère vous envoie.


Le petit Chaperon rouge par Frank Adams

La bonne grand-mère, qui était dans son lit, car était malade, lui cria :

— Tire la chevillette, et la bobinette cherra ! »

Le Loup tira la chevillette, et la porte s’ouvrit. Il se jeta sur la bonne femme, et la dévora en un instant, car il y avait plus de trois jours qu’il n’avait mangé.


Le petit Chaperon rouge par Frank Adams

Ensuite il ferma la porte, et alla se coucher dans le lit de la grand-mère, en attendant le petit Chaperon rouge, qui, quelque temps, après, vint frapper à la porte :

« Toc, toc !

— Qui est là ? »

Le petit Chaperon rouge, qui entendit la grosse voix du Loup, eut peur d’abord, mais croyant que sa grand-mère était enrhumée, répondit :

— C’est votre petite fille, le petit Chaperon rouge. Je vous apporte une galette et un petit pot de beurre que ma mère vous envoie.

Le Loup lui cria, en adoucissant un peu sa voix :

— Tire la chevillette, et la bobinette cherra ! »

Le petit Chaperon rouge tira la chevillette, et la porte s’ouvrit.

Le Loup, la voyant entrer, lui dit en se cachant dans le lit, sous la couverture : « Mets la galette et le petit pot de beurre sur la huche, et viens te coucher avec moi. »


Le petit Chaperon rouge par Frank Adams

Le petit Chaperon rouge se déshabilla, et alla se mettre dans le lit, où elle fut bien étonnée de voir comment sa grand-mère était faite. Elle lui dit :

« Grand-mère, que vous avez de grands bras !

— C’est pour mieux t’embrasser, ma fille !

— Grand-mère, que vous avez de grandes jambes !

— C’est pour mieux courir, mon enfant !

— Grand-mère, que vous avez de grandes oreilles !

— C’est pour mieux écouter, mon enfant !

— Grand-mère, que vous avez de grands yeux !

— C’est pour mieux voir, mon enfant !

— Grand-mère, que vous avez de grandes dents !

— C’est pour te manger ! »


Et en disant ces mots, le méchant loup se jeta sur le petit Chaperon rouge, et la mangea.


Le petit Chaperon rouge par Frank Adams


MORALITÉ


On voit ici, que de jeunes enfants,

Surtout de jeunes filles,

Belles, bien faites et gentilles,

Font très mal d’écouter toutes sortes de gens,

Et que ce n’est pas chose étrange,

S’il en est tant que le loup mange.

Je dis le loup, car tous les loups

Ne sont pas de la même sorte.

Il en est d’une humeur accorte,

Sans bruit, sans fiel et sans courroux,

Qui, privés, complaisants et doux,

Suivent les jeunes demoiselles

Jusque dans les maisons, jusque dans les ruelles.


Mais, hélas ! Qui ne sait que ces loups doucereux,

De tous les loups sont les plus dangereux ?



Comments


bottom of page