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    La sixième balle

    Dernière mise à jour : 16 nov.

    Série : Inspecteur Pinson, par Jacques Bellême. Premier épisode...

    Publié dans le magazine Mon Bonheur, en janvier 1907 : ICI


    Texte dans le domaine public, illustration sous licence CC-BY-NC

    Histoires de chats par Ribet


    « Ah ! Mon bon Charles, quelle bonne idée tu as eue là de venir nous surprendre par cette belle journée de dimanche, s’écria Edmond Valette, en voyant son ami venir le rejoindre au fond du jardinet qui faisait le charme de la villa des Iris, qu’il occupait aux environs de Paris.

    — Mais oui, il y a si longtemps que je vous le promets, que j’ai pensé à venir vous prendre à l’improviste...

    — À l’improviste, c’est bien le cas de le dire, car je suis tout seul, ma femme étant allée passer la journée chez sa mère, visite dont je me suis abstenu... Je n’ai pas besoin, n’est-ce pas, de m’étendre plus longuement avec toi sur le chapitre des belles-mères ! Veinard, va, qui n’en as pas. Tu ne connais pas ton bonheur. Bref, mon vieux Charles, je suis garçon aujourd’hui, tout comme toi ; je te retiens à dîner, et nous allons faire un bon repas de garçons comme autrefois.

    Valette pria son ami de l’attendre un instant pendant qu’il donnait les ordres à la bonne.

    — Tu sais, c’est à la fortune du pot, fit-il. Attends, je reviens de suite.

    Bernard, en se promenant dans le jardinet, aperçut, tout au fond, un carton de cible fixé sur le mur de clôture. Valette, qui revenait à ce moment, lui dit alors :

    — Ah ! Ah ! Mon gaillard ! Tu regardes mon tir à la cible ? C’est là que je m’exerce au noble sport des armes.

    — Une nouvelle marotte à toi ? demanda Bernard en riant.

    — Marotte ! Marotte est joli à dire ! Ris toujours. N’empêche qu’avec toutes ces histoires d’apaches, de cambrioleurs, de brigands de toute sorte dont sont remplis tous les journaux, on ne se sent plus en sûreté, et je t’avoue que pour notre part, à ma femme et à moi, nous sommes devenus nerveux à l’excès, ayant la chair de poule au moindre craquement, la nuit surtout, et je ne te cache pas qu’ayant fait emplette d’un revolver, d’un « rigolo », comme l’appellent ces messieurs de la Pègre, je m’exerce tous les jours, au fond de mon jardin, au maniement et à l’exercice de cette arme.

    Charles Bernard, l’ami, esquissa un discret sourire, en disant :

    — Voyons, mon pauvre Edmond, tu ne changeras donc jamais ? Toujours aussi peureux de ton ombre que par le passé ?

    — Peureux ! Tu en parles bien à ton aise, toi qui es garçon. Mais moi qui suis marié, qui ai charge d’âme ? Penses- tu qu’il me soit permis de négliger toute mesure de protection, dans cette villa de banlieue ? Et tiens, regarde, je suis devenu tireur habile.

    Ce disant, Edmond Valette déchargea cinq coups de revolver en visant la cible.

    — Tu vois : deux mouches, une balle à droite...

    — Et deux autres qui se sont perdues. Dieu sait où ! fit Bernard très amusé.

    Edmond allait répondre, quand une tête hirsute surmontée d’un vaste yoko- hama parut soudain au-dessus du petit mur mitoyen qui séparait le jardin de Valette de celui du voisin.

    — Dites donc, fit l’intrus, vous n’avez pas bientôt fini vos exercices cynégétiques ? À chaque lois ma femme aune attaque de nerfs, ma fille se trouve mal et ma bonne casse la vaisselle...

    — Croyez bien, cher monsieur, fit Valette, que j’en suis confus, et que...

    — Et puis vos balles font ricochet sur mes cloches à melons et me les cassent toutes ! Quand on veut s’exercer ainsi, on attend la fête du village et on va aux baraques de tir...

    — Mais...

    — Il n’y a pas de mais ! continua l’irascible individu. Et vous feriez bien mieux de payer vos contributions qui sont en retard !

    — Dites donc, vous !... s’écria Valette.

    Mais l’intrus s’était prudemment réfugié derrière le mur, au milieu de ses cloches à melons.

    — Ça, ajouta Edmond, en s’adressant à son ami, c’est ce satané receveur des contributions. Un mauvais coucheur qui manque à tous ses devoirs, tu le vois, en divulguant les petits secrets d’autrui.

    La bonne les rejoignait à ce moment en leur annonçant que le dîner était servi. Au cours du repas, Charles Bernard apprit à son ami qu’il parlait le lendemain matin pour le Havre.

    — Le Havre ? interrogea Valette. Et qu’est-ce qui t’y appelle ?

    — Oh ! J’y vais pour affaires. Un millionnaire américain, client de longue date de mes patrons, doit prochainement se marier dans cette ville, et, voulant faire un magnifique cadeau à sa fiancée il a prié MM. Lejeune et Poirier de lui envoyer des diamants, des perles et des émeraudes sur lesquels il fera son choix, avant de les faire monter.

    — Diamants, perles, émeraudes ! fit Valette. Quel rêve, dirait ma femme si elle était ici. Et il y en a pour beaucoup d’argent, probablement ?

    — Pour près de 300 000 francs, répliqua Bernard.

    — 300 000 francs ! Non ! Et c’est toi qui vas les lui porter au Havre ?

    — Mais oui. Ne suis-je pas le commis principal de MM. Lejeune et Poirier ?

    — Et tu n’as pas peur d’être volé ? Tu es armé, au moins ?

    — Ce pauvre Edmond ! ne put s’empêcher de dire le commis principal, en riant aux éclats. Voilà le trac des apaches qui te reprend. Faudra faire soigner cela, mon garçon ! Moi, armé ? Mais nous ne sommes plus au temps des voleurs de grand chemin, route que je ne prends pas, d’ailleurs, puisque je prends le rapide du Havre qui ne s’arrête qu’à Rouen. Je ne manque jamais de choisir un compartiment occupé par plusieurs voyageurs - pour plus de sûreté - et puis... et puis... qui veux-tu qui sache que j’ai pour 300 000 francs de pierres précieuses dans ma valise, toute ordinaire, le seul bagage que j’emporte.

    — Tu diras ce que tu voudras, Charles, mais si tu veux m’en croire, tu prendras mon revolver. Car les bandits sont à l’affût de tous les mauvais coups à faire.

    Et il lui tendit l’arme. L’autre refusait : : un revolver ? à quoi bon ? Ses deux poings lui suffisaient amplement pour se défendre, et, d’ailleurs, ne pouvait-il pas toujours avoir recours, le cas échéant, à la sonnette d’alarme ?

    — Charles, je t’en prie, fais-le pour moi : prends ce revolver.

    — C’est bien pour te faire plaisir alors ! répliqua Bernard, en acceptant l’arme et en la glissant dans la poche de derrière de son pantalon.

    — Oui, mais, interrompit Valette, rappelle-toi qu’il n’y a qu’une balle, car, tu as vu, j’ai déchargé les cinq autres chambres tout à l’heure, et je n’ai plus une cartouche ici. Puisque tu ne quittes Paris que demain, tu auras tout le temps nécessaire pour en acheter une boîte chez un armurier et recharger ton arme avant ton départ. Et puis, à te dire vrai, j’aime mieux que tu emportes ce revolver. Ce maudit receveur des contributions, mon voisin, est bien capable de porter plainte au commissaire de police, et si l’on me trouvait en possession d’une arme prohibée, je m’exposerais à un procès-verbal et à toutes sortes d’ennuis et de vexations.

    Ici encore, Charles Bernard ne put s’empêcher de rire :

    — Alors tu préfères que ce soit moi qui aie le procès-verbal ? Merci. Mais, sois tranquille, je n’aurai pas besoin de me servir de ce revolver, et te le rendrai quand ton différend sera passé avec ton receveur... et que tu auras payé tes contributions, ainsi que le dégât des cloches à melons.

    Comme la journée tirait à sa fin, Bernard prit congé de son hôte, désirant être prêt le lendemain de bonne heure pour se rendre chez ses patrons d’abord, pour la livraison des pierres précieuses, et prendre le rapide du Havre aussitôt après.

    — Et surtout, n’oublie pas ton revolver ! » lui recommanda Valette en lui serrant une dernière fois la main.

    Le lendemain, vers dix heures, le commis principal de la maison Lejeune et Poirier quittait le magasin des grands joailliers de la rue de la Paix, la cigarette aux lèvres, une valise toute simple à la main et un pardessus d’été négligemment jeté sur son bras. En quelques minutes, un fiacre l’amena à la gare Saint-Lazare. Bernard prit un billet de seconde à destination du Havre, et gagnant le quai, s’y promena quelques instants le long des voitures aux portières ouvertes, en quête d’un wagon qui lui convînt.

    « Voilà mon affaire, pensa-t-il, en s’approchant d’un compartiment dont les banquettes étaient chargées de valises, de couvertures de voyage et de parapluies. Ici, au moins, je ne serai pas seul.

    — Toutes ces places sont-elles retenues ? demanda t-il au seul occupant du compartiment, un brave Anglais à la face rubiconde, plongé dans la lecture d’un journal anglais du matin.

    — Je ne crois pas » fit l’autre, avec un accent britannique très prononcé.

    Et Bernard prit place dans le coin qui lui faisait vis-à-vis et qui ne contenait aucun bagage, en ayant soin de placer sa valise dans le filet situé en face de lui. C’était là une précaution utile qui lui permettait d’avoir toujours les yeux fixés sur cette fortune dont il était porteur. Quelques instants après, un troisième voyageur monta dans le compartiment et s’assit dans un coin opposé. Il était de petite taille, portait une casquette de voyage rabattue sur les yeux, et avait toute l’apparence, avec ses leggings de cuir, d’un jockey ou d’un lad d’écurie. Sans plus se soucier de ses compagnons de route, il sortit une courte pipe de bois de sa poche, la bourra de tabac et l’alluma. Dans un très mauvais français, l’Anglais à face rubiconde crut devoir lui faire remarquer que ce n’était pas là un compartiment de fumeurs, et que l’odeur de la pipe l’incommodait. L’autre, reconnaissant un compatriote à son accent, lui répondit en anglais, et pendant quelques instants, des mots furent échangés entre eux, qui semblaient tourner à l’altercation.

    Peu soucieux de se mêler à une scène de pugilat possible, Bernard ne disait rien, paraissant n’avoir pas compris un mot à ce langage étranger. Le gros Anglais se carra de nouveau dans son coin et reprit la lecture de son journal, après avoir murmuré à voix basse, en s’adressant à son vis-à-vis :

    « Quel sale monsieur ! »

    Bernard sourit tout tranquillement, opinant de la tête, lorsqu’un employé vint bruyamment fermer les portières. Un coup de sifflet commandait déjà le départ du train, quand un voyageur courant à perdre haleine monta sur le marche-pied, cherchant à pénétrer dans le compartiment qu’occupait Charles Bernard.

    « Trop tard ! Trop tard ! » lui cria le chef de train en l’éloignant, mais pas assez vite cependant pour que ce voyageur de la dernière minute n’eût le temps de crier par la portière :

    « Vous êtes bien de chez Lejeune et Poirier ? Prenez garde ! Vous êtes avec des voleurs ! »

    Furieux, le gros Anglais avait bondi sur ses pieds et tentait de lui allonger un vigoureux coup de poing par la vitre baissée. Mais, en vain ; l’autre avait disparu.

    « Qu’est-ce que c’est, cet imbécile ? fit l’insulaire furieux. Vous avez entendu ? Mais Bernard se contenta d’affirmer de la tête en conservant un mutisme prudent.

    — J’écrirai à mon ambassadeur pour dire qu’un sujet de Sa Majesté Britannique a été insulté à la gare ! Ah ! On verra bien... »

    Le reste se perdit dans une suite d’exclamations, sur le sens desquelles Bernard, qui savait fort bien l’anglais, ne pouvait se tromper. Son compagnon de voyage était furieux. Mais, le premier moment de colère passé, il se replongea dans la lecture de son journal.

    Le commis principal de la maison Lejeune et Poirier était fort perplexe : l’avis qu’on lui avait ainsi jeté en toute hâte ne pouvait provenir que d’un agent de la Sûreté. N’avait-il pas mentionné le nom de la maison qu’il représentait ? N’était-ce pas plutôt un complice de ses deux compagnons de voyage, auxquels il venait d’indiquer un coup à faire en cours de route, alors que le rapide ne devait pas s’arrêter avant d’arriver à Rouen ? C’est-à-dire leur donnant tout le temps nécessaire pour perpétrer un crime, et disposer de son cadavre en le jetant sur la voie ferrée. Les drames en chemin de fer se succédaient fort rapidement depuis quelque temps, et la chose n’était pas impossible, après tout.

    Il jeta un coup d’œil de côté sur le lad d’écurie, qui était maintenant profondément plongé dans la lecture d’une feuille de sport, et un autre sur l’Anglais à face rubiconde qui avait, lui aussi, repris son journal. Cet examen parut le satisfaire, car si l’homme de courses ne payait pas beaucoup de mine, on n’avait qu’à lui reprocher le sans-gêne qu’il avait mis à fumer sa pipe, chose assez fréquente parmi les gens de ce monde spécial.

    Quant à son autre compagnon de route, le différend même qu’il avait eu avec le fumeur démontrait bien qu’ils étaient loin d’être camarades. Aussi, au bout d’une heure environ de voyage, Bernard se montra-t-il tout à fait tranquillisé. C’était cet animal de Valette, aussi, avec ses terreurs d’apaches et de cambrioleurs, qui lui avait tourné la tête ; et vaguement bercé par le mouvement du train, Bernard fermait lentement les veux, pour les rouvrir de suite, sans parvenir toutefois à les maintenir ainsi. Sans s’endormir, il sommeillait, rêvant qu’il gardait le « Régent » au Louvre, dans la galerie d’Apollon, pour s’éveiller en sursaut et jeter les yeux sur la valise aux pierres précieuses confiées à sa garde.

    Soudain, entre deux somnolences, la raison lui revint, comme le choc d’une batterie électrique. Le gros Anglais avait quitté son coin et se trouvait maintenant faire vis-à-vis au lad d’écurie. Sans bouger un muscle, Bernard, les paupières presque closes, surveillait entre ses cils ses deux compagnons, et prêtait une oreille attentive à leur colloque à voix basse en anglais.

    « C’est comme tu voudras, faisait le gros insulaire, mais si tu veux m’en croire, on va l’assommer !

    — Mais non, Jimmie, vaut bien mieux lui passer un foulard imbibé de chloroforme sous le nez pendant qu’il dort. On le bâillonnera ensuite, on le ligotera, on le jettera sous la banquette, et ni vu ni connu, il ira jusqu’au Havre et nous, nous nous arrêterons au premier arrêt, à Rouen, pour regagner Paris aussitôt après.

    — Soit, mais avant, étourdis-le d’un bon coup de poing sur la tête, c’est bien plus sûr que toutes les drogues ; ou plutôt, pendant que lu lui mettras ton foulard sous le « blair », je me tiendrai tout près, avec mon « poing américain ». Vas-y, Tom, vas-y avant qu’il se réveille ! »

    Tom commençait déjà à verser le narcotique sur le foulard, quand Bernard, qui avait écouté ce colloque avec terreur, se souvenant soudain du revolver de Valette, bondit sur ses pieds, s’accota à la portière, et, couchant les deux bandits en joue, leur cria :

    « Haut les mains ! »

    Ils poussèrent un cri de terreur et obéirent de suite à l’injonction, accolés l’un à l’autre, paralysés pour ainsi dire par cette action subite et inattendue.

    « Ne tirez pas ! Ne tirez pas ! fit le lad, nous ne sommes pas armés ! Ne craignez rien !

    — Grâce à toi ! répliqua le gros Anglais ; je t’avais bien dit de prendre nos « rigolos » !

    — Voyons, monsieur Bernard, pourquoi ne pas régler cette fâcheuse transaction à l’amiable ? Nous sommes deux ici, - pas armés, soit -, mais nous parviendrions bien, peut être, à avoir raison de vous. Pourquoi ne pas plutôt vous laisser ligoter, bâillonner et jeter sous la banquette ; à Rouen, nous filons avec les cailloux ; vous continuez jusqu’au Havre, on vous délivre et vous contez l’agression dont vous avez été l’objet. Entre temps, nous vendons les pierres et vous donnons la moitié de ce que nous aurons touché. Vous y trouverez tout votre intérêt, personne ne venant à vous soupçonner, et nous y aurons le nôtre, car en dehors de ce que nous réaliserons ainsi, on pourrait, dans la suite, faire quelques autres petites affaires...

    — Canailles ! Je ne sais pas ce qui me retient !... » s’écria Bernard en les tenant toujours en joue.

    Cette position de son arme lui avait permis de voir qu’une seule des chambres du revolver était chargée : c’était la sixième cartouche que Valette n’avait pas tirée dans son jardin. Il avait donc un seul coup à tirer et les gredins étaient deux. Si même il parvenait à en abattre un, l’autre se défendrait avec l’énergie du désespoir et finirait peut-être par avoir le dessus.

    Que faire ? Tirer la sonnette d’alarme ? Impossible, de l’endroit où il se trouvait.

    « Je parie que son revolver n’est pas chargé ! s’écria Jimmie. Ah ! Ah ! Tiens, regarde donc comme il a pâli.

    — Dieu me damne ! Si tu disais vrai ?

    Sans perdre un instant, Bernard comprit qu’il fallait jouer le tout pour le tout, pour les tenir en respect jusqu’à Rouen.

    — Pas chargé ? Tenez !

    Et, brûlant sa dernière cartouche, il brisa d’une balle la vitre de la portière qui lui faisait face.

    — Eh là ! Eh là ! Pas de blague, monsieur Bernard ! hurla Tom, plus mort que vif, en se jetant à genoux, tandis que son compagnon en faisait autant.

    Subitement, le train se ralentit dans sa marche, et les deux bandits tentèrent de se remettre sur pieds.

    — Oh ! Que non pas ! s’écria Bernard. Je brûle la cervelle au premier de vous deux qui se lève.

    Le train s’était arrêté maintenant, et aussitôt apparut à la portière le voyageur qui avait mis, à la gare Saint-Lazare, l’employé de Lejeune et Poirier sur ses gardes. Le chef de train le suivait de près, ainsi que quelques voyageurs, attirés par le bruit. Après une courte lutte, les deux voleurs furent maîtrisés. Les menottes aux poignets et solidement ligotés, l’agent de la Sûreté crut devoir les présenter :

    « Messieurs Jimmie Rudd et Tom Fly, voleurs internationaux, que nous filions depuis longtemps. Prévenu au dernier moment, j’étais accouru vous avertir. Le chef de train, ne me connaissant pas, m’empêcha de monter dans votre compartiment, et force me fut de monter en toute hâte dans celui d’à côté. Prêtant l’oreille, j’ai entendu votre coup de revolver et le bris de la glace, et aussitôt j’ai tiré ma sonnette d’alarme.

    Comme le train allait se remettre en marche, quelques voyageurs proposèrent d’aider à garder les deux prisonniers.

    — Pas besoin, fit l’agent. Ils sont solidement ficelés... Et puis, monsieur, ajouta-t-il en désignant Bernard, a son revolver chargé...

    — Chargé ? répliqua celui-ci en riant ; c’était ma seule balle à tirer... Tenez !

    Et en même temps, il faisait jouer le chien de l’arme sur les chambres vides.

    — Oh ! La canaille ! ne put s’empêcher de dire Jimmie Rudd.

    — Oui, les apparences sont bien trompeuses ! » conclut Tom Fly rêveur.

    Et le rapide reprit sa course vers Rouen.

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