Traduction personnelle, sous licence Creative Commons CC-BY-NC-ND.
Illustration par Theodor Severin Kittelsen
Deux chemins divergeaient au sein d’un bois doré ;
Je regrettais de ne pouvoir suivre les deux.
Moi, simple voyageur, longtemps je suis resté,
Portant loin mon regard vers le premier d’entre eux,
Jusqu’à ce que sa courbure meure dans les fourrés.
Puis, j’ai choisi le second, tout aussi charmant,
Et qui le méritait peut être davantage,
Car le sol y était moelleux et verdoyant ;
Bien qu’on puisse dire que les passages
Les avaient émoussés uniformément.
Tous deux reposaient, dans la clarté d’un matin,
Recouverts de feuilles, que nul n’avait foulées.
Oh ! J’ai remis le premier au lendemain !
J’avais très peur de ne jamais le retrouver,
Bien que toujours s’entrecroisent les chemins.
Un jour, je te raconterai, en soupirant ;
Ce sera quelque part, dans une éternité,
Qu’au sein d’un bois, deux chemins allaient divergeant,
Et que des deux, j’ai choisi le moins fréquenté.
Suite à ce choix, tout à jamais fut différent.
Robert Frost
Mountain Interval, 1916