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Photo du rédacteurLucienne

La Belle au bois dormant

... de Charles Perrault

… avec des illustrations d’Errol Le Cain

Texte intégral du domaine public


petit poucet par Gustaf Tengrenn

Illustration de couverture par John Dickson Batten



Il était une fois un roi et une reine, qui étaient très fâchés de n’avoir point d’enfants. Enfin, pourtant, il leur naquit une fille. On organisa un beau baptême. On donna pour marraine à la petite princesse toutes les fées qu’on put trouver dans le pays - il s’en trouva sept -, afin que, chacune d’elles lui fasse un don, comme c’était la coutume des fées en ce temps-là. La princesse aurait ainsi, par ce moyen, toutes les perfections imaginables.

Après les cérémonies du baptême, toute la compagnie revint au palais du roi, où il y avait un grand festin pour les fées.


La belle au bois dormant par Errol Le Cain

On mit devant chacune d’elles un couvert magnifique, avec un étui en or massif où il y avait une cuiller, une fourchette et un couteau de fin or, garnis de diamants et de rubis. Mais, comme chacun prenait place à table, on vit entrer une vieille fée, qu’on n’avait point priée, parce qu’il y avait plus de cinquante ans qu’elle n’était sortie d’une tour, et qu’on la croyait morte ou enchantée.

Le roi lui fit donner un couvert ; mais il n’y eut pas moyen de lui donner un étui d’or massif, comme aux autres, parce que l’on n’en avait fait faire que sept, pour les sept fées. La vieille crut qu’on la méprisait, et grommela quelques menaces entre ses dents. Une des jeunes fées, qui se trouvait auprès d’elle, l’entendit et, jugeant qu’elle pourrait offrir quelque fâcheux don à la petite princesse, alla, dès qu’on fut sorti de table, se cacher derrière la tapisserie, afin de parler la dernière, et de pouvoir réparer, autant qu’il lui serait possible, le mal que la vieille aurait fait.

Cependant, les fées commencèrent à faire leurs présents à la princesse. La plus jeune lui donna pour don qu’elle serait la plus belle personne du monde. Celle d’après, qu’elle aurait de l’esprit comme un ange. La troisième, qu’elle aurait une grâce admirable dans tout ce qu’elle ferait. La quatrième, qu’elle danserait parfaitement bien. La cinquième, qu’elle chanterait comme un rossignol. La sixième, qu’elle jouerait de toutes sortes d’instruments à la perfection. Le tour de la vieille fée étant venu, elle dit, en branlant la tête encore plus de dépit que de vieillesse, que la princesse se percerait la main d’un fuseau, et qu’elle en mourrait.

Ce terrible don fit frémir toute la compagnie, et il n’y eut personne qui ne pleurât.


La belle au bois dormant par Errol Le Cain

À ce moment, la jeune fée sortit de derrière la tapisserie, et dit tout haut ces paroles :

« Rassurez-vous, roi et reine, votre fille n’en mourra point. Il est vrai que je n’ai pas assez de pouvoir pour défaire entièrement ce que mon ancienne a fait. La princesse se percera la main avec un fuseau, mais, au lieu d’en mourir, elle tombera seulement dans un profond sommeil, qui durera cent ans, au bout desquels le fils d’un roi viendra la réveiller. »

Le roi, pour tâcher d’éviter le malheur annoncé par la vieille, fit publier aussitôt un édit par lequel il défendait à toutes personnes de filer au fuseau, ni d’avoir des fuseaux chez soi, sous peine de mort.


La belle au bois dormant par Errol Le Cain

La belle au bois dormant par Errol Le Cain

Au bout de quinze ou seize ans, le roi et la reine étant allés à une de leurs maisons de campagne, il arriva que la jeune princesse, courant un jour dans le château, et montant de chambre en chambre, alla jusqu’au haut d’un donjon, dans un petit galetas où une bonne vieille était seule à filer sa quenouille. Cette bonne femme n’avait point ouï parler des défenses que le roi avait faites de filer au fuseau.

« Que faites-vous là, ma bonne femme ? dit la princesse.

— Je file ma belle enfant, lui répondit la vieille, qui ne la connaissait pas.

— Ah ! Que cela est joli ! reprit la princesse. Comment faites-vous ? Donnez-moi, que je voie si je saurais en faire autant. »


La belle au bois dormant par Errol Le Cain

La belle au bois dormant par Errol Le Cain

Elle n’eut pas plutôt pris le fuseau, que, comme elle était fort vive et un peu étourdie, elle s’en perça la main et tomba évanouie.

La bonne vieille, bien embarrassée, appela au secours : on jeta de l’eau au visage de la princesse, on la délaça, on lui frappa dans les mains, on lui frotta les tempes avec de l’eau de Hongrie. Rien ne la faisait revenir.

Alors le roi, qui était monté en entendant ce bruit, se souvint de la prédiction des fées. Jugeant qu’il fallait que cela arrivât, puisque les fées l’avaient dit, il fit mettre la princesse dans un bel appartement du palais, sur un lit en broderie d’or et d’argent. On eût dit d’un ange, tant elle était radieuse. Car son évanouissement n’avait point ôté les couleurs vives de son teint : ses joues étaient incarnates, et ses lèvres comme du corail. Elle avait seulement les yeux fermés, mais on l’entendait respirer doucement, ce qui démontrait qu’elle n’était pas morte.

Le roi ordonna qu’on la laissât dormir en repos, jusqu’à ce que son heure de se réveiller fût venue.

La bonne fée, qui lui avait sauvé la vie en la condamnant à dormir cent ans, était dans le royaume de Mataquin, à douze mille lieues de là, lorsque l’accident arriva à la princesse. Mais elle en fut avertie, en un instant, par un petit nain qui avait des bottes de sept lieues. - C’était des bottes avec lesquelles on faisait sept lieues d’une seule enjambée -. La fée partit aussitôt et on la vit, au bout d’une heure, arriver dans un chariot de feu, traîné par des dragons. Le roi alla lui présenter la main, à la descente du chariot. Elle approuva tout ce qu’il avait fait. Mais, comme elle était grandement prévoyante, elle pensa que, quand la princesse viendrait à se réveiller, elle serait bien embarrassée toute seule dans ce vieux château. Voici ce qu’elle fit.

Elle toucha de sa baguette tout ce qui était dans ce château - en dehors du roi et la reine - : gouvernantes, filles d’honneur, femmes de chambre, gentilshommes, officiers, maîtres d’hôtel, cuisiniers, marmitons, galopins, gardes, suisses, pages, valets de pied. Elle toucha aussi tous les chevaux qui étaient dans les écuries, avec les palefreniers, les gros mâtins de la basse-cour, et la petite Pouffe, la petite chienne de la princesse, qui était auprès d’elle sur son lit. Dès qu’elle les eût touchés, ils s’endormirent tous, pour ne se réveiller qu’en même temps que leur maîtresse, afin d’être tout prêts à la servir quand elle en aurait besoin. Les broches mêmes, qui étaient au feu, toutes pleines de perdrix et de faisans, s’endormirent, et le feu aussi. Tout cela se fit en un moment : les fées n’étaient pas longues à leur besogne.


La belle au bois dormant par Errol Le Cain

Alors, le roi et la reine, après avoir baisé leur chère enfant sans qu’elle s’éveillât, sortirent du château, et firent publier des défenses à qui que ce soit d’en approcher. Ces interdictions n’étaient pas nécessaires. Il poussa en un quart d’heure, tout autour du parc, une si grande quantité de grands arbres et de petits, de ronces et d’épines entrelacées les unes dans les autres, que bête ni homme n’y aurait pu passer. On ne voyait plus que le haut des tours du château que de très loin. On ne douta point que la fée n’eût encore fait là un tour de son métier, afin que la princesse, pendant qu’elle dormirait, n’eût rien à craindre des curieux.


La belle au bois dormant par Errol Le Cain

Au bout de cent ans, le fils du roi qui régnait alors, et qui était d’une autre famille que la princesse endormie, étant allé à la chasse de ce côté-là, demanda ce que c’était que ces tours qu’il voyait, au-dessus d’un grand bois fort épais.


La belle au bois dormant par Errol Le Cain

Chacun lui répondit selon qu’il en avait ouï parler. Les uns disaient que c’était un vieux château où il revenait des esprits. Les autres, que tous les sorciers de la contrée y faisaient leur sabbat. L’opinion la plus commune était qu’un ogre y demeurait. Il emportait là tous les enfants qu’il pouvait attraper, afin de pouvoir les manger à son aise, et sans qu’on le pût suivre, ayant seul le pouvoir de se faire un passage au travers du bois.

Le prince ne savait qu’en croire, lorsqu’un vieux paysan prit la parole et lui dit :

« Mon prince, il y a plus de cinquante ans, j’ai entendu mon père dire qu’il y avait dans ce château une princesse, qu’elle y devait dormir cent ans, et qu’elle serait réveillée par le fils d’un roi, à qui elle était réservée. »

Le jeune prince, à ce discours, crut, sans douter un instant, qu’il mettrait fin à une si belle aventure. Il résolut de voir sur-le-champ ce qu’il en était. À peine s’avança-t-il vers le bois, que tous ces grands arbres, ces ronces et ces épines s’écartèrent d’elles-mêmes pour le laisser passer.


La belle au bois dormant par Errol Le Cain

Il marcha vers le château qu’il voyait au bout d’une grande avenue, où il entra. Il fut un peu surpris de constater que personne, parmi ses gens, n’avait pu le suivre, parce que les arbres s’étaient rapprochés dès qu’il était lui-même passé. Il poursuivit son chemin. Il entra dans une grande avant-cour, où tout ce qu’il vit d’abord était capable de le glacer de crainte. C’était un silence affreux : l’image de la mort s’y présentait partout, et ce n’étaient que des corps étendus d’hommes et d’animaux qui paraissaient morts. Il reconnut pourtant bien, au nez bourgeonné et à la face vermeille des gardes, qu’ils n’étaient qu’endormis. Et leurs tasses, où il y avait encore quelques gouttes de vin, montraient assez qu’ils s’étaient endormis en buvant.


La belle au bois dormant par Errol Le Cain


La belle au bois dormant par Errol Le Cain

Il passa une grande cour pavée de marbre. Il monta l’escalier. Il entra dans la salle des gardes, qui étaient rangés en haie, la carabine sur l’épaule, et ronflant de leur mieux. Il traversa plusieurs chambres, pleines de gentilshommes et de dames, dormant tous, les uns debout, les autres assis. Il entra dans une chambre toute dorée, et il vit sur un lit, dont les rideaux étaient ouverts de tous côtés, une princesse qui paraissait avoir quinze ou seize ans, et dont l’éclat resplendissant avait quelque chose de lumineux et de divin. Il s’approcha en tremblant et en admirant, et se mit à genoux auprès d’elle.


La belle au bois dormant par Errol Le Cain

Alors, comme la fin de l’enchantement était venue, la princesse s’éveilla, et, le regardant :

« Est-ce vous, mon prince ? lui dit-elle. Vous vous êtes bien fait attendre. »

Le prince, charmé de ces paroles, ne savait comment lui témoigner sa joie et sa reconnaissance. Ses discours furent désordonnés. Il était plus embarrassé qu’elle, et l’on ne doit pas s’en étonner : elle avait eu le temps de songer à ce qu’elle aurait à lui dire.

Cependant tout le palais s’était réveillé avec la princesse : chacun songea faire son travail ; et, de plus, ils mouraient de faim. La dame d’honneur, pressée comme les autres, s’impatienta, et dit tout haut à la princesse que la viande était servie. Le prince aida la princesse à se lever : elle était toute habillée, et fort magnifiquement. Mais il se garda bien de lui dire qu’elle était habillée comme sa grand-mère, et qu’elle avait un collet monté. Elle n’en était pas moins distinguée.

Ils passèrent dans un salon de miroirs, et y soupèrent, servis par les officiers de la princesse. Les violons et les hautbois jouèrent des airs anciens, mais excellents, quoiqu’il y eût près de cent ans qu’on ne les jouât plus. Après souper, le grand aumônier les maria dans la chapelle du château, et la dame d’honneur leur tira le rideau. Ils dormirent peu, la princesse n’en avait pas grand besoin, et le prince la quitta dès le matin pour retourner à la ville, où son père devait être en peine de lui.

Le prince lui raconta qu’en chassant il s’était perdu dans la forêt, et qu’il avait couché dans la hutte d’un charbonnier, qui lui avait fait manger du pain noir et du fromage. Le roi son père, qui était un brave homme, le crut ; mais sa mère n’en fut pas persuadée. Voyant qu’il allait presque tous les jours à la chasse, et qu’il avait toujours une raison pour s’excuser, quand il avait couché deux ou trois nuits dehors, elle ne douta plus qu’il n’eût quelque amourette. Car il vécut avec la princesse plus de deux ans entiers, et en eut deux enfants. Le premier, qui fut une fille, fut nommée Aurore, et le second, un fils, fut nommé Jour, parce qu’il paraissait encore plus beau que sa sœur.

La reine parla plusieurs fois à son fils, pour lui faire dire son secret, mais il n’osa jamais se fier à elle. Il la craignait, quoiqu’il l’aimât, car elle était de race ogresse, et le roi ne l’avait épousée qu’à cause de ses grands biens. On disait même tout bas à la cour, qu’elle avait les inclinations des ogres, et qu’en voyant passer de petits enfants, elle avait toutes les peines du monde à se retenir de se jeter sur eux. Ainsi, le prince ne lui voulut jamais rien dire.

Mais quand le roi fut mort, ce qui arriva au bout de deux ans, et qu’il se vit le maître, il déclara publiquement son mariage, et alla en grande cérémonie quérir la reine, sa femme, dans son château. On lui fit un accueil magnifique dans la capitale, où elle rentra au milieu de ses deux enfants.

Quelque temps après, le roi alla faire la guerre à l’empereur Cantalabutte, son voisin. Il laissa la régence du royaume à la reine sa mère, et lui recommanda fort sa femme et ses enfants : il devait être à la guerre tout l’été. Dès qu’il fut parti, la reine mère envoya sa bru et ses enfants à une maison de campagne dans les bois, pour pouvoir plus aisément assouvir son horrible envie. Elle s’y rendit quelques jours après, et dit un soir à son maître d’hôtel :

« Je veux manger demain à mon dîner la petite Aurore.

— Ah, madame ! dit le maître d’hôtel …

— Je le veux, dit la reine - et elle le dit d’un ton d’ogresse qui a envie de manger de la chair fraîche -, et je la veux manger à la sauce Robert. »

Ce pauvre homme, voyant bien qu’il ne fallait pas se mesurer à une ogresse, prit son grand couteau, et monta à la chambre de la petite Aurore. Elle avait alors quatre ans, et vint en sautant et en riant se jeter à son cou, et lui demander un bonbon. Il se mit à pleurer : le couteau lui tomba des mains, et il alla dans la basse-cour couper la gorge à un petit agneau. Il fit une si bonne sauce, que sa maîtresse l’assura qu’elle n’avait rien mangé de si bon. Il avait emporté en même temps la petite Aurore, et l’avait donnée à sa femme, pour la cacher dans le logement qu’elle avait au fond de la basse-cour.

Huit jours après, la méchante reine dit à son maître d’hôtel :

« Je veux manger à mon souper le petit Jour. »

Il ne répliqua pas, résolu de la tromper comme l’autre fois. Il alla chercher le petit Jour, et le trouva avec un petit fleuret à la main, croisant le fer avec un gros singe. Il n’avait pourtant que trois ans. Il le porta à sa femme, qui le cacha avec la petite Aurore, et donna, à la place du petit Jour, un petit chevreau fort tendre, que l’ogresse trouva admirablement bon.

Tout s’était bien passé jusque-là. Mais, un soir, cette méchante reine dit au maître d’hôtel :

« Je veux manger la reine, à la même sauce que ses enfants. »

Ce fut alors que le pauvre maître d’hôtel désespéra de pouvoir à nouveau la tromper. La jeune reine avait vingt ans passés, sans compter les cent ans qu’elle avait dormi. Sa peau était un peu dure, quoique belle et blanche ; et le moyen de trouver dans la ménagerie une bête aussi dure que cela ? Il prit la résolution, pour sauver sa vie, de couper la gorge à la reine, et monta dans sa chambre dans l’intention de ne pas s’y reprendre à deux fois. Il s’excitait à la fureur, et entra, le poignard à la main, dans la chambre de la jeune reine. Il ne voulut pourtant point la surprendre, et il lui dit, avec beaucoup de respect, l’ordre qu’il avait reçu de la reine mère.

« Faites votre devoir, lui dit-elle en lui tendant le cou. Exécutez l’ordre qu’on vous a donné. J’irai revoir mes enfants, mes pauvres enfants, que j’ai tant aimés ! Elle les croyait morts, car on les lui avait enlevés sans lui rien dire.

— Non, non, madame, lui répondit le pauvre maître d’hôtel, tout attendri, vous ne mourrez point, et vous irez revoir vos chers enfants. Mais ce sera chez moi, où je les ai cachés, et je tromperai encore la reine, en lui faisant manger une jeune biche à votre place. »

Il la mena aussitôt à sa chambre, où la laissant embrasser ses enfants et pleurer avec eux, il alla accommoder une biche, que la reine mangea à son souper, avec le même appétit que si c’eût été la reine. Elle était bien contente de sa cruauté, et elle se préparait à dire au roi, à son retour, que les loups enragés avaient mangé la reine sa femme et ses deux enfants.

Un soir qu’elle rôdait, à son ordinaire, dans les cours et basses-cours du château, pour y chercher quelque viande fraîche, elle entendit, dans une salle basse, le petit Jour, qui pleurait, parce que la reine sa mère le voulait faire fouetter, à cause qu’il avait été méchant. Elle entendit aussi la petite Aurore, qui demandait pardon pour son frère. L’ogresse reconnut la voix de la reine et de ses enfants, et, furieuse d’avoir été trompée, commanda, dès le lendemain matin, avec une voix épouvantable qui faisait trembler tout le monde, qu’on apportât au milieu de la cour une grande cuve, qu’elle fit remplir de crapauds, de vipères, de couleuvres et de serpents, pour y faire jeter la reine et ses enfants, le maître d’hôtel, sa femme et sa servante. Elle avait donné ordre de les amener les mains liées derrière le dos.

Ils étaient là, et les bourreaux se préparaient à les jeter dans la cuve, lorsque le roi, qu’on n’attendait pas sitôt, entra dans la cour, à cheval. Il demanda, tout étonné, ce que voulait dire cet horrible spectacle. Personne n’osait le lui dire, quand l’ogresse, enragée de voir ce qu’elle voyait, se jeta elle-même la tête la première dans la cuve, et fut dévorée en un instant par les vilaines bêtes qu’elle y avait fait mettre. Le roi en fut fâché, car elle était sa mère. Mais il s’en consola bientôt avec sa femme et ses enfants.




MORALITÉ


Attendre quelque temps pour avoir un époux,

Riche, bien fait, galant et doux,

La chose est assez naturelle.

Mais l’attendre cent ans, et toujours en dormant,

On ne trouve plus de femelle,

Qui dormît si tranquillement.


La fable semble encore vouloir nous faire entendre,

Que souvent de l’hymen les agréables nœuds,

Pour être différés, n’en sont pas moins heureux,

Et qu’on ne perd rien pour attendre.

Mais le sexe, avec tant d’ardeur,

Aspire à la foi conjugale,

Que je n’ai pas la force ni le cœur,

De lui prêcher cette morale.


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