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    Genèse, Victor Hugo

    Extrait du poème L’Âne
    L'horloge, Edward Lamson Henry

    Le charmeur de serpents, par Henri Rousseau



    Vois, ce monde est d’abord un noyau de vapeur

    Qui tourne comme un globe énorme de fumée ;

    Vaste, il bout au soleil qui luit, braise enflammée ;

    Il bout, puis s’attiédit et se condense, et l’eau

    Tombe au centre du large et ténébreux halo ;

    Puis la terre, encor fange, au fond de l’eau s’amasse ;

    Sur cette vase on voit ramper une limace,

    C’est l’hydre, c’est la vie ; et la mer s’arrondit

    Autour d’un point qui sort des eaux et qui verdit ;

    C’est l’île surgissant des profondeurs béantes ;

    Des vers titans parmi des fougères géantes

    Fourmillent ; et du bord des boueux archipels

    Des colosses se font de monstrueux appels ;

    L’hippopotame sort de l’immense onde obscure,

    Le serpent cherche un flanc où plonger sa piqûre,

    De vaste millepieds se traînent, le kraken

    Semble un rocher vivant sous l’algue et le lichen,

    Et le poulpe, agitant sa touffe contractile,

    Tâche d’étreindre au vol l’affreux ptérodactyle ;

    Puis des millions d’ans se passent ; du roseau

    Sort l’arbre, et l’air devient respirable à l’oiseau,

    Et la chauve-souris décroît, et voici l’aigle,

    Le vent fraîchit, le flot baisse, la mer se règle,

    L’île soudée à l’île ébauche un continent,

    Et l’homme apparaît nu, pensif et rayonnant ;

    C’est fini ; l’aube émerge, et le recul immense

    Des monstres, du chaos, des ténèbres, commence ;

    La tempête de l’être a cessé de souffler ;

    Et l’on entend des voix sur la terre parler.

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