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Fable d’Ésope : Les homards


Illustration de Don Daily

Illustration de Charles Bennett



Le talentueux artiste britannique Charles Bennett (1828 -1867) a publié en 1857 un ouvrage intitulé The fables of Æsop and others, translated into human nature, autrement dit : Vingt saynètes de la comédie humaine inspirées par les fabulistes.


Version de Charles Bennett : (traduction sous licence CC-BY-NC-ND)


Un jeune homard verdâtre se promenait le long du boulevard en compagnie de sa mère, une vieille dame âgée et pleine de sagesse, d’un beau bleu profond. L’adolescent fut frappé, au détour d’une rue, par l’apparence d’un spécimen de sa propre espèce, dont la carapace était d’un rouge écarlate. Il contempla l’éblouissant spectacle avec admiration et envie.

« Tu vois, dit-il en se tournant vers sa mère, je n’aurai pas de repos tant que je n’aurai pas obtenu une peau aussi magnifique. Je ne puis plus supporter ma propre couleur, bleue et terne, quand je vois que certains possèdent un tel ornement !

—  Mais, jeune inconscient, lui rétorqua sa mère, cette parure de pacotille,  que tu convoites si ardemment, exige un certain prix. Pour l’obtenir, il est nécessaire auparavant d’être passé à la casserole. Es-tu prêt à cela ? »

 

Avant de signer votre engagement, assurez-vous d’avoir pris connaissance de l’ensemble des clauses du contrat…

 

 

Version originale par Ésope :

 

Il arriva un jour que la carapace d'un homard bouilli fut jetée sur le rivage de la mer, où elle fut rapidement aperçue par une personne de la même espèce, qui, jeune, ignorante et vaniteuse, l'observa avec admiration et ravissement.

« Voyez, dit-elle en s'adressant à sa mère, qui était à ses côtés, voyez la beauté et la splendeur de la teinte d'un membre de notre famille. Il est ainsi paré d'une couleur si riche, qu'aucun corail ne peut la surpasser en éclat ! Je n'aurai de repos que lorsque je serai en possession d'une apparence tout aussi magnifique !

— Sachez, jeune écervelée, que cette parure que vous convoitez avec tant d'ardeur a appartenu à une malheureuse ! La pauvre l’a acquise en mourant ! » lui répliqua sa mère.

 

Apprenez donc de ce terrible exemple, à vivre humblement et à vous satisfaire de votre sort.





 




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