top of page

Fable d’Ésope : L’aigle et l’escarbot


Noah Norrid

Peinture de Noah Norrid



Un aigle poursuivait un lièvre. Celui-ci, se voyant dénué de tout secours, recourut au seul être que le hasard offrit à ses yeux : c’était un escarbot. Il le supplia de le sauver. L’escarbot le rassura, et, voyant approcher l’aigle, il le conjura d’épargner le lièvre. Mais l’aigle, méprisant sa petitesse, le dévora sous les yeux mêmes de l’escarbot.

Dès lors, ce dernier, plein de rancune, se mit à épier l’aigle dans son nid. Quand la femelle avait pondu, il grimpait dans l’arbre, faisait rouler les œufs hors du nid, et les cassait. L’aigle finit par avoir recours à Zeus - car c’est à ce dieu que cet oiseau est consacré -. Il le pria de lui procurer un asile sûr pour y faire ses petits. Zeus lui permit de pondre dans son giron. Mais l’escarbot avait vu la ruse : il fit une boulette de crotte, prit son essor, et, quand il fut au-dessus de Zeus, il l’y laissa tomber. Zeus se leva pour secouer la crotte, et jeta les œufs à terre sans y penser. - Depuis ce temps-là, dit-on, pendant la saison où paraissent les escarbots, les aigles ne nichent plus. -


Retenez de cette fable qu’il ne faut mépriser personne. Il n’existe point d’être si faible qu’il ne soit capable de se venger d’un affront.




bottom of page