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Photo du rédacteurLucienne

Automne, Albert Samain

Octobre 1894
Illustration d'Ophelia Redpath

Illustration d'Ophelia Redpath



Le vent tourbillonnant, qui rabat les volets,

Là-bas tord la forêt comme une chevelure.

Des troncs entrechoqués monte un puissant murmure

Pareil au bruit des mers, rouleuses de galets.


L’automne qui descend les collines voilées

Fait, sous ses pas profonds, tressaillir notre cœur ;

Et voici que s’afflige avec plus de ferveur

Le tendre désespoir des roses envolées.


Le vol des guêpes d’or qui vibrait sans repos

S’est tu ; le pêne grince à la grille rouillée ;

La tonnelle grelotte et la terre est mouillée,

Et le linge blanc claque, éperdu, dans l’enclos.


Suscitant des pensers d’immortelle et de buis,

La cloche sonne, grave, au cœur de la paroisse ;

Et la lumière, avec un long frisson d’angoisse,

Écoute au fond du ciel venir des longues nuits…


Les longues nuits demain remplaceront, lugubres,

Les limpides matins, les matins frais et fous,

Pleins de papillons blancs chavirant dans les choux

Et de voix sonnant clair dans les brises salubres.


Qu’importe, la maison, sans se plaindre de toi,

T’accueille avec son lierre et ses nids d’hirondelle,

Et, fêtant le retour du prodigue près d’elle,

Fait sortir la fumée à longs flots bleus du toit.

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