Extrait du Poème de la Maison
Illustration de Louis Douzette
Un soir de grand hiver. La neige emplit la nuit,
Et sa sourde blancheur rend l’ombre plus étrange.
Il neige dans la cour, il neige sur la grange,
Et sur l’étable, et dans la mare et sur le puits.
Tout ce que la maison peut découvrir du monde,
Les champs des siens et ceux des autres, les hameaux
Et les bourgs éloignés qu’on voit lorsqu’il fait beau,
Tout appartient ce soir à la neige profonde.
On dirait qu’elle tombe ainsi depuis des ans,
Et qu’elle tombera durant toute la vie ;
Il semble qu’à jamais la terre est endormie
Et qu’on ne reverra jamais plus le printemps.
Mais, pendant que la neige innombrable accumule
Du froid et du silence autour de la maison,
Et que ses flocons fous meurent dans les tisons,
Le feu, paisible et fort, au cœur de l’âtre brûle ;
Et soudain, du réduit obscur dont il est l’hôte,
Sentant un lumineux bien-être l’envahir,
Un grillon se réveille et chante au souvenir
Du chaud parfum des prés, quand les herbes sont hautes.
Calendrier de Theo van Hoytema
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