Ce merveilleux poème sur la solitude en temps de fêtes a été mis en musique par Léo Ferré.
ICI interprété par Jacques Bertin
Illustration de Ernst Ludwig Kirchner
Madame à minuit, croyez-vous qu’on veille ?
Madame à minuit, croyez-vous qu’on rit ?
Le vent de l’hiver me corne aux oreilles.
Terre de Noël, si blanche et pareille,
Si pauvre, si vieille, et si dure aussi.
Au cœur de la nuit, les fermes sommeillent,
Cadenas tirés sur la fleur du vin,
Mais la fleur du feu y fermente et veille,
Comme le soleil au creux des moulins,
Comme le soleil au creux des moulins.
Aux ruisseaux gelés la pierre est à fendre
Par temps de froidure, il n’est plus de fous,
L’heure de minuit, cette heure où l’on chante
Piquera mon cœur bien mieux que le houx,
Piquera mon cœur bien mieux que le houx.
J’avais des amours, des amis sans nombre
Des rires tressés au ciel de l’été,
Lors, me voici seul, tisonnant des ombres
Le charroi d’hiver a tout emporté,
Le charroi d’hiver a tout emporté.
Pourquoi ce Noël, pourquoi ces lumières,
Il n’est rien venu d’autre que les pleurs,
Je ne mordrai plus dans l’orange amère,
Et ton souvenir m’arrache le cœur,
Et ton souvenir m’arrache le cœur.
Madame à minuit, croyez-vous qu’on veille ?
Madame à minuit, croyez-vous qu’on rit ?
Le vent de l’hiver me corne aux oreilles.
Terre de Noël, si blanche et pareille,
Si pauvre, si vieille, et si dure aussi.
Luc Bérimont
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