top of page

Les oies-fées

Conte traditionnel russe


… illustré par Alexander Lindberg


Les illustrations du conte ne sont pas dans le domaine public.

Le texte n'est pas libre de droits, mais l'origine de la traduction en français est indéterminée.


Les oies-fées - Alexander Lindberg


Il y a très longtemps, vivait un pauvre paysan qui avait une fille et un tout jeune fils. Lorsque la fillette fut assez âgée pour garder le bébé, les parents purent aller travailler à l’extérieur. Un jour, la mère dit à sa fille :

« Mon enfant, nous devons nous absenter aujourd’hui. Ne sors pas du jardin, surveille bien ton frère, et je te rapporterai un foulard. »

Apres le départ de ses parents, la fillette oublia vite ces recommandations. Déposant le petit sur l’herbe, elle courut jouer sur la route. Pendant son absence, des oies-fées s’emparèrent du bébé et l’emportèrent. À son retour, la petite fille ne vit plus l’enfant, elle eut beau chercher, appeler, impossible de le retrouver. La voilà toute éplorée, car elle adorait son frère !


Les oies-fées - Alexander Lindberg

Mais soudain, elle aperçut un troupeau d’oies-fées qui disparaissait à l’horizon. Ayant souvent entendu parler de la méchanceté de ces oiseaux, elle devina que c’étaient eux qui avaient pris le bébé. Elle s’élança à leur poursuite.


Les oies-fées - Alexander Lindberg

Avisant sur son chemin un grand fourneau russe, elle lui demanda :

« Cher Fourneau ! Où sont parties les oies-fées ?

— Mange d’abord un gâteau de seigle que j’ai dans mon four, répondit le fourneau, et je te le dirai.

— Non merci, répliqua-t-elle. À la maison, on ne fait jamais de gâteau, pas même avec de la farine ordinaire ! »

Le fourneau se tut. Elle continua courir. Puis, voyant un pommier sauvage, elle s’adressa à lui :

« Pommier, dis-moi, où sont donc allées les oies-fées ?

— Mange d’abord une pomme cueillie sur une de mes branches, et je te le dirai.

— Certainement pas ! répondit la fillette. Chez mon père, nous ne mangeons pas même les pommes de notre verger ! »

Et le pommier sauvage resta muet.

Elle arriva alors devant un fleuve de lait, dont les rives étaient faites de flan.

« Fleuve de lait, rives de flan, savez-vous où sont les oies-fées ?

— Mange un peu de flan, bois un peu de lait, et je te le dirai, répondit le fleuve.

— Je n’en ferai rien ! Chez nous, il n’y a même jamais de crème ! » dit-elle.

Et le fleuve de lait ne lui donna pas le moindre renseignement.

Elle continua sa course à travers champs et forêts. Le jour baissait, il allait falloir rentrer seule. Tout à coup, elle aperçut une petite hutte perchée sur une patte de poulet, et qui pivotait sans cesse.


Les oies-fées - Alexander Lindberg

Une vieille femme, Baba Yaga, se trouvait à l’intérieur, et, à ses pieds, le bébé jouait avec des pommes d’argent. Elle entra dans la hutte et dit :

« Bonjour, grand-mère !

— Bonjour, ma fille, répliqua la sorcière, que viens-tu faire ici ?

— J’ai traversé des marais et des marécages, et je suis trempée comme une soupe ! Puis-je entrer me réchauffer ?

— Viens t’asseoir et filer à ma place » dit la sorcière.

Elle confia sa quenouille à la fillette, et sortit. Une souris se glissa de dessous le fourneau et murmura :

« Donne-moi du gruau, et je te dirai quelque chose.

— Voila, reprit-t-elle quand la fillette lui en eut donné, la vieille est allée dans la chaufferie. Elle va te préparer un bain chaud, te faire rôtir dans le four, et te manger ! Ne perds pas une seconde, prends ton frère et sauve-toi. Je vais filer à ta place, pour ne pas attirer l’attention de Baba Yaga. »

La fillette se dépêcha et s’enfuit avec le bébé. Lorsque le bain fut assez chaud, la sorcière rentra dans la hutte pour prendre la petite fille, mais il n’y avait plus personne. Furieuse, elle lança les oies-fées à la recherche des deux enfants.

Pendant ce temps, la fillette, son frère dans les bras, arrivait devant le fleuve de lait. Elle vit les oies qui allaient les rattraper et supplia :

« Chère petite rivière, cache-nous !

— Mange d’abord un peu de flan, et bois un peu de lait » répondit la rivière.

La fillette obéit, dit merci, et la rivière les cacha tous les deux sous ses rives. Les oies passèrent au-dessus sans les voir. La petite fille reprit sa course en portant son frère, mais les oies firent demi-tour et allaient les apercevoir au moment où les enfants approchaient du pommier.

« Cher pommier ! Cache-nous vite, implora la fillette.

— Mange d’abord quelques pommes » dit le pommier.

Elle en mangea deux, remercia, puis les enfants se cachèrent sous les branches feuillues de l’arbre. Les oies passèrent au-dessus sans les voir. La petite fille reprit son frère et continua sa course. Ils étaient presque arrivés lorsque les oies les aperçurent. Fondant sur eux et les frappant de leurs becs, elles essayèrent de reprendre le bébé.

« Cher fourneau ! Cache-nous ! supplia la fillette.

— Oui, mais mange d’abord un peu de gâteau de seigle ! »

Elle en avala un morceau et entraîna son frère dans le four. Les oies se mirent à voler en cercles au-dessus d’eux, criant et battant des ailes. Mais, finalement, elles furent bien obligées de rentrer chez la sorcière sans les enfants.

La petite fille remercia le fourneau, et courut tout le long du chemin avec le bébé dans les bras.

Et juste au moment où elle arrivait chez elle, son père et sa mère rentraient eux aussi !

bottom of page