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Les chatons barbouilleurs

The color kittens (« Les chatons barbouilleurs », aux éditions Les deux coqs d’or), est un conte pour enfants extrêmement célèbre, qui a inspiré nombre d’artistes. Au-delà du thème particulier des couleurs, ce conte traite du bonheur de vivre, et de la joie procurée par les sens. Il a été écrit par Margaret Wise Brown, et le texte original est désormais dans le domaine public.

En voici une nouvelle traduction (licence CC-by-nc-nd), assortie de quelques illustrations par Alice and Martin Provensen (il y en a beaucoup d’autres pour ce conte), qui sont quant à elles, toujours protégées par le droit d’auteur.


PS. Je vous remets au-dessous le texte original en anglais, qui est parfois compliqué à trouver.



Image générée par IA sur Playground V2


Il était une fois deux chatons aux yeux verts, Pouffe et Touffe, qui avaient la passion des couleurs…

Ce qu’ils aimaient par-dessus tout, était d’en fabriquer de nouvelles, en mélangeant toutes les couleurs les unes avec les autres.

Ils avaient beaucoup de pots de peinture, avec lesquels ils s’amusaient à tout barbouiller. Et en les mélangeant, ils pouvaient ainsi créer toutes les couleurs du monde.

Sur chaque pot, il y avait une étiquette, où était écrit le nom de la couleur, mais bien entendu, les chatons ne savaient pas les lire : ils ne pouvaient se fier qu’aux couleurs !

« C’est très simple, disait Pouffe.

— Le rouge est rouge. Le bleu est bleu » disait Touffe.

Mais ils n’avaient pas de vert.

« Pas de peinture verte ! » s’écriaient Pouffe et Touffe.

Et bien entendu, ils avaient besoin de vert, parce que presque tout ce qu’ils  aimaient était vert.

Vert comme les yeux des chats…

Vert comme les cours d’eau…

Vert comme le verre…




Ils essayèrent donc de faire du vert en mélangeant de la peinture rouge et de la peinture blanche. Et qu’est-ce que cela a donné ?

Certainement pas du vert !…

Cela a donné du rose !

Rose comme les petits cochons…

Rose comme des petits petons…

Rose comme les roses…

Rose comme les nez des bébés…

 

Puis Touffe a mélangé du jaune et du rouge. Cela a fait de l’orange.

Orange comme les oranges…

Orange comme les bourdons…

Orange comme le soleil couchant qui plonge lentement dans la mer…

 



Les minets étaient ravis, mais cela ne faisait pas de vert…

Ils ont ensuite mélangé du rouge et du bleu. Et qu’est-ce que cela a donné ?




Pas du vert, en tous cas ! Cela a donné un beau violet profond.

Violet comme les violettes…

Violet comme les prunes…

Violet comme ces ombres qui s’allongent, quand la nuit commence à tomber…



Et toujours pas de vert !


Enfin, presque par hasard, les chatons mélangèrent un pot de bleu et un pot de jaune, et ils obtinrent un vert, aussi vert que l’herbe.

Vert comme les feuilles d’arbre…

Vert comme les îles…

Les petits minets étaient si contents de toutes les couleurs qu’ils avaient obtenues, qu’ils se mirent à peindre tout ce qui les entourait.

Ils peignirent…

Des feuilles vertes et des baies rouges,

Des fleurs violettes et des cerises roses,

Des tables rouges et des chaises jaunes,

Des arbres noirs portant des poires dorées.


Puis les chatons firent les fous et renversèrent tous les pots : toutes les couleurs se sont mélangées. Du jaune, du rouge, un peu de bleu et un peu de noir… et cela a fait du brun.

Brun comme un remorqueur…

Brun comme une vieille chèvre…

Brun comme un castor…



Et dans tout ce brun, le soleil se coucha. C’était le soir, et les couleurs commençaient à disparaître dans la nuit chaude et sombre. Les chatons s’endormirent, et pendant qu’ils dormaient, ils firent un rêve.

Un rêve merveilleux

D’un rosier rouge,

Qui devenait tout blanc,

En comptant jusqu’à trois,

Un… Deux… Trois !

D’un bout de terre violette,

Dans une mer rose pâle,

Où les pommes tombaient

D’un arbre d’or,

Et d’une ronde d’œufs de Pâques,

Qui dansaient sur leurs petites pattes.

Ils ont rêvé d’une souris,

Une petite souris grise,

Qui dansait sur un fromage,

Grand comme une maison.

Ils ont rêvé d’un chat tout vert,

Qui dansait avec un petit chien rose,

Jusqu’à ce qu’ils disparaissent tous deux dans un doux brouillard gris.


Et soudain, Pouffe se réveilla et Touffe également. C’était le matin. Les minets sortirent de leur lit, dans un grand soleil.

Les chatons ronronnaient et faisaient des bonds.

Des bonds !

Des bonds !

De tels bonds, qu’ils renversèrent tous les pots, et que toutes les couleurs se répandirent en tous sens : c’étaient toutes les couleurs du monde ! Et c’étaient les  deux petits chatons qui les avaient créées !



Texte original :


Once there were two color kittens with green eyes, Brush and Hush.

They liked to mix and make colors by splashing one color into another. They had buckets and buckets of color to splash around with. Out of these colors, they would make all the colors in the world.

The buckets had the colors written on them, but of course the kittens couldn’t read. They had to tell by the colors.

« It is very easy, said Brush.

— Red is red. Blue is blue, said Hush.

But they had no green.

— No green paint ! » said Brush and Hush.

And they wanted green paint, of course, because nearly every place they liked to go was green.

Green as cats’eyes…

Green as grass by streams of water…

Green as glass…

So they tried to make some green paint.

Brush mixed red paint and white paint together… And what did that make ?

It didn’t make green.

But it made pink.

Pink as pigs…

Pink as toes…

Or a baby’s nose.

Then Hush mixed yellow and red together, and it made orange.

Orange as an orange tree…

Orange as a bumblebee…

Orange as the setting sun sinking slowly in the sea…

The kittens were delighted, but it didn’t make green.

Then they mixed red and blue together, and what did that make ? It didn't make green. It made a deep dark purple.

Purple as violets…

Purple as prunes…

Purple as shadows on late afternoons…

Still no green ! And then… O wonderful kittens ! O Brush ! O Hush ! At last, almost by accident, the kittens poured a bucket of blue and a bucket of yellow together, and it came to pass that they made a green as green as grass.

Green as green leaves on a tree…

Green as islands in the sea…

The little kittens were so happy with all the colors they had made that they began to paint everything around them. They painted…

Green leaves and red berries

and purple flowers

and pink cherries

Red tables and yellow chairs

Black trees with golden pears.

Then the kittens got so excited they knocked their buckets upside down and all the colors ran together. Yellow, red, a little blue and a little black… and that made brown.

Brown as a tug boat…

Brown as an old goat…

Brown as a beaver…

And in all that brown, the sun went down. It was evening and the colors began to disappear in the warm dark night. The kittens fell asleep in the warm dark night with all their colors out of sight and as they slept they dreamed their dream.

A wonderful dream

Of a red rose tree

That turned all white

When you counted three

One… Two…

Three !

Of a purple land

In a pale pink sea

Where apples fell

From a golden tree

And then a world of Easter eggs

That danced about on little short legs.

And they dreamed of a mouse

A little gray mouse

That danced on a cheese

That was big as a house.

And they dreamed that

A green cat danced

With a little pink dog

Till they all disappeared in a soft gray fog.

And suddenly Brush woke up and Hush woke up. It was morning. They crawled out of bed into a big bright world. The sky was wild with sunshine. The kittens were wild with purring and pouncing.

Pounce

Pounce

They got so pouncy they knocked over the buckets and all the colors ran out together. There were all the colors in the world and the color kittens had made them.

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