... un conte des frères Grimm
Texte intégral. Seul le texte de ce conte est dans le domaine public.
Illustration de couverture par Yann Legendre
Le hasard fit un jour que le chat, dans un bois, rencontra le seigneur Renard.
« Il est habile, et plein d’expérience, pensa le chat en le voyant, c’est un grand personnage dans le monde, respecté à cause de sa sagesse. »
Aussi l’aborda- t-il avec beaucoup d’amabilité.
« Bonjour, cher monsieur Renard, comment allez-vous ? La santé est bonne, j’espère. Et par ces temps de vie chère, comment vous débrouillez-vous ? »
Le renard, tout gonflé d’une morgue hautaine, considéra le chat des pieds à la tête, puis de la tête aux pieds, se demandant pendant un bon moment s’il allait ou non répondre à cet insolent animal.
« Dis donc, toi, misérable Lèche-Moustaches, espèce de drôle, espèce d’Arlequin grotesquement taché, espèce de crève-la-faim de chasseur de souris, qu’est-ce qu’il te prend ? Et d’où te permets-tu de venir me demander aussi familièrement de mes nouvelles ? Qui te crois-tu donc, malheureux ? Que sais-tu ? Combien d’arts connais-tu ? Quelles sont tes ressources ?
— Je n’en ai qu’une seule, répondit modestement le chat.
— Ah oui ? Et laquelle ? fit le renard.
— Quand les chiens se mettent à mes trousses, dit le chat, je peux grimper à un arbre et me sauver.
— Et c’est tout ? laissa tomber le Renard avec dédain. Sache ce que moi, je maîtrise les ruses par centaines et que je possède, par-dessus tout, un sac à malices ! Tu me fais pitié, tiens ! Viens avec moi et je te montrerai comment on se défait des chiens. »
Au beau milieu de ce discours, arriva un chasseur qui avait quatre chiens avec lui. Le chat bondit vivement sur un arbre et se réfugia tout au sommet, dans les dernières branches, où il se tint caché dans le feuillage.
« Ouvre ton sac, seigneur Renard ! Ouvre ton sac, c’est le moment ! cria le chat du haut de son arbre.
Mais les chiens l’avaient pris déjà et le tenaient ferme.
— Holà, seigneur Renard ! cria encore le chat, vous vous êtes empêtré dans vos centaines de ruses ! Mais si vous n’aviez su que grimper comme moi, votre vie vous serait restée ! »
Commentaires