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Photo du rédacteurLucienne

Odelette, Henri de Régnier

... extrait de La Corbeille des heures


Photographie de James McCormick

Photographie de James McCormick



Je n’ai rien

Que trois feuilles d’or et qu’un bâton

De hêtre, je n’ai rien

Qu’un peu de terre à mes talons,

Que l’odeur du soir en mes cheveux,

Que le reflet de la mer en mes yeux,

Car j’ai marché par les chemins

De la forêt et de la grève

Et j’ai coupé la branche au hêtre

Et cueilli en passant à l’automne qui dort

Le bouquet des trois feuilles d’or.


Accepte-les ; elles sont jaunes et douces

Et veinées

De fils de pourpre ;

Elles sentent la gloire et la mort,

Elles tremblèrent au noir vent des destinées ;

Tiens-les un peu dans tes mains douces :

Elles sont légères, et pense

À celui qui frappa à ta porte,

Un soir,

Et qui s’est assis en silence

Et qui reprit en s’en allant

Son bâton noir

Et te laissa ces feuilles d’or,

Couleur de soleil et de mort…

Ouvre tes mains, ferme ta porte

Et laisse-les aller au vent

Qui les emporte !



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