... extrait de La Corbeille des heures
Photographie de James McCormick
Je n’ai rien
Que trois feuilles d’or et qu’un bâton
De hêtre, je n’ai rien
Qu’un peu de terre à mes talons,
Que l’odeur du soir en mes cheveux,
Que le reflet de la mer en mes yeux,
Car j’ai marché par les chemins
De la forêt et de la grève
Et j’ai coupé la branche au hêtre
Et cueilli en passant à l’automne qui dort
Le bouquet des trois feuilles d’or.
Accepte-les ; elles sont jaunes et douces
Et veinées
De fils de pourpre ;
Elles sentent la gloire et la mort,
Elles tremblèrent au noir vent des destinées ;
Tiens-les un peu dans tes mains douces :
Elles sont légères, et pense
À celui qui frappa à ta porte,
Un soir,
Et qui s’est assis en silence
Et qui reprit en s’en allant
Son bâton noir
Et te laissa ces feuilles d’or,
Couleur de soleil et de mort…
Ouvre tes mains, ferme ta porte
Et laisse-les aller au vent
Qui les emporte !
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