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    Les yeux, René-François Sully Prudhomme

    Dernière mise à jour : 1 janv. 2023


    La Mort et le fossoyeur par Carlos Schwabe

    La Mort et le fossoyeur par Carlos Schwabe



    Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,

    Des yeux sans nombre ont vu l’aurore ;

    Ils dorment au fond des tombeaux

    Et le soleil se lève encore.


    Les nuits plus douces que les jours

    Ont enchanté des yeux sans nombre ;

    Les étoiles brillent toujours

    Et les yeux se sont remplis d’ombre.


    Oh ! Qu’ils aient perdu le regard,

    Non, non, cela n’est pas possible !

    Ils se sont tournés quelque part

    Vers ce qu’on nomme l’invisible ;


    Et comme les astres penchants,

    Nous quittent, mais au ciel demeurent,

    Les prunelles ont leurs couchants,

    Mais il n’est pas vrai qu’elles meurent :


    Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,

    Ouverts à quelque immense aurore,

    De l’autre côté des tombeaux

    Les yeux qu’on ferme voient encore.



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