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    Les passantes, Antoine Pol

    Dernière mise à jour : 19 août 2023


    georges brassens

    Georges Brassens



    Antoine Pol (1888-1971) a combattu pendant la Grande Guerre, avant de poursuivre une carrière au service de l’industrie. En 1959, il prend sa retraite pour s’adonner à l’une de ses grandes passions : la poésie.

    Georges Brassens avait découvert un de ses poèmes, au hasard d’un livre déniché dans une brocante. Amoureux de ces vers, il demanda à l’auteur l’autorisation de les mettre en musique (à l’exception de deux strophes qu’il décida de ne pas retenir). L’auteur accepta, mais mourut avant d’avoir pu rencontrer Brassens.


    À lire en musique...

    Je veux dédier ce poème

    À toutes les femmes qu’on aime

    Pendant quelques instants secrets

    À celles qu’on connaît à peine

    Qu’un destin différent entraîne

    Et qu’on ne retrouve jamais


    À celle qu’on voit apparaître

    Une seconde, à sa fenêtre

    Et qui, preste, s’évanouit

    Mais dont la svelte silhouette

    Est si gracieuse et fluette

    Qu’on en demeure épanoui


    À la compagne de voyage

    Dont les yeux, charmant paysage

    Font paraître court le chemin

    Qu’on est seul, peut-être, à comprendre

    Et qu’on laisse pourtant descendre

    Sans avoir effleuré la main


    À la fine et souple valseuse

    Qui vous sembla triste et nerveuse

    Par une nuit de carnaval

    Qui voulut rester inconnue

    Et qui n’est jamais revenue

    Tournoyer dans un autre bal


    À celles qui sont déjà prises

    Et qui, vivant des heures grises

    Près d’un être trop différent

    Vous ont, inutile folie,

    Laissé voir la mélancolie

    D’un avenir désespérant


    À ces timides amoureuses

    Qui restèrent silencieuses

    Et portent encor votre deuil

    À celles qui s’en sont allées

    Loin de vous, tristes esseulées

    Victimes d’un stupide orgueil.


    Chères images aperçues

    Espérances d’un jour déçues

    Vous serez dans l’oubli demain

    Pour peu que le bonheur survienne

    Il est rare qu’on se souvienne

    Des épisodes du chemin


    Mais si l’on a manqué sa vie

    On songe avec un peu d’envie

    À tous ces bonheurs entrevus

    Aux baisers qu’on n’osa pas prendre

    Aux cœurs qui doivent vous attendre

    Aux yeux qu’on n’a jamais revus


    Alors, aux soirs de lassitude

    Tout en peuplant sa solitude

    Des fantômes du souvenir

    On pleure les lèvres absentes

    De toutes ces belles passantes

    Que l’on n’a pas su retenir


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