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La chanson du vannier, André Theuriet


Les vanniers, par Jean Geoffroy

Illustration de Jean Geoffroy



Brins d’osier, brins d’osier,

Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.


Brins d’osier, vous serez le lit frêle où la mère

Berce un petit enfant aux sons d’un vieux couplet :

L’enfant, la lèvre encor toute blanche de lait,

S’endort en souriant dans sa couche légère.


Brins d’osier, brins d’osier,

Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.


Vous serez le panier plein de fraises vermeilles

Que les filles s’en vont cueillir dans les taillis.

Elles rentrent le soir, rieuses, au logis,

Et l’odeur des fruits mûrs s’exhale des corbeilles.


Brins d’osier, brins d’osier,

Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.


Vous serez le grand van où la fermière alerte

Fait bondir le froment qu’ont battu les fléaux,

Tandis qu’à ses côtés des bandes de moineaux

Se disputent les grains dont la terre est couverte.


Brins d’osier, brins d’osier,

Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.


Lorsque s’empourpreront les vignes à l’automne,

Lorsque les vendangeurs descendront des coteaux,

Brins d’osier, vous lierez les cercles des tonneaux

Où le vin doux rougit les douves et bouillonne.


Brins d’osier, brins d’osier,

Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.


Brins d’osier, vous serez la cage où l’oiseau chante,

Et la nasse perfide au milieu des roseaux,

Où la truite qui monte et file entre deux eaux,

S’enfonce, et tout à coup se débat frémissante.


Brins d’osier, brins d’osier,

Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.


Et vous serez aussi, brins d’osier, l’humble claie

Où, quand le vieux vannier tombe et meurt, on l’étend

Tout prêt pour le cercueil. Son convoi se répand,

Le soir, dans les sentiers où verdit l’oseraie.


Brins d’osier, brins d’osier,

Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.

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