Conte traditionnel russe
… avec des illustrations d’Alexander Lindberg
Les illustrations du conte ne sont pas dans le domaine public.
Le texte n'est pas libre de droits, mais l'origine de la traduction en français est indéterminée.
Il y a bien longtemps, vivaient dans un petit village une veuve et son fils Simon. Le jeune homme était en âge de prendre femme, mais il n’en avait pas encore trouvé à son goût. La pauvreté régnait dans leur misérable ferme : ils couchaient sur la paille, portaient de vieux habits rapiécés et ne mangeaient pas à leur faim. En ce temps-là, les paysans possédaient peu de terre, et de plus, elle n’était pas très fertile. Les moissons semées à l’automne gelaient souvent l’hiver ; ce qui résistait aux gelées souffrait des orages ou de la sécheresse de l’été ; et ce que le soleil ou les pluies avaient épargné, était dévoré par les sauterelles.
En tant que fils de veuve, Simon allait régulièrement à la ville toucher une pension : un sou par mois. Un jour qu’il rentrait avec son sou en poche, il aperçut un homme qui s’apprêtait à étrangler un petit chien. Outré d’une telle méchanceté, Simon offrit d’échanger le chiot contre son sou, et le marché fut conclu. Il pensait, tout heureux : « Je n’ai ni vache ni cheval, mais au moins, je possède un petit chien ! ».
Sa mère n’apprécia pas du tout l’arrivée de l’animal, car cela faisait une bouche de plus à nourrir, et ils avaient déjà bien du mal à se suffire eux-mêmes.
Un mois plus tard, Simon s’en fut de nouveau a la ville toucher sa pension ; il eut droit a un supplément, et reçut deux sous. Sur le chemin du retour, il revit l’homme qui, cette fois, tourmentait une chatte ; il lui donna ses deux sous, et ramena la pauvre bête chez lui. Sa mère, encore plus furieuse, ronchonna toute la journée.
Le mois suivant, sa rente se monta à trois sous. En rentrant, Simon rencontra l’homme qui, cette fois, allait écraser un serpent. Il s’y opposa, offrant de l’acheter pour trois sous, et le marché fut conclu. Dans la poche de sa veste, le serpent se réchauffa soudain, il se mit à parler.
« Ne regrette pas, dit-il, les trois sous que tu as dépensés pour moi ; je ne suis pas un serpent ordinaire, mais la fille du Tsar Serpent. Si tu ne m’avais pas achetée, ce misérable m’aurait tuée ! Toi, tu m’as sauvée et mon père te le revaudra. »
Lorsque, rentré chez lui, Simon sortit le reptile de sa poche, sa mère grimpa sur le poêle de frayeur ! La bête s’enroula sous le fourneau et s’endormit paisiblement.
Ils vécurent donc à cinq : le chien blanc, la chatte grise, le serpent, Simon et sa mère. Cette dernière, cependant, ne put s’habituer au reptile, elle ne lui donnait ni à boire ni à manger et lui marchait sans cesse sur la queue. Un jour, l’animal en eut assez, et demanda à Simon de le ramener chez son père.
Ils partirent donc tous les deux, l’un rampant, l’autre marchant, et ils atteignirent une épaisse forêt. Simon s’inquiéta, craignant de s’égarer.
« Ne te tracasse pas, Simon, le rassura le serpent, nous sommes presque arrivés. Mon père, quand il apprendra que tu m’as sauvé la vie, voudra te remercier ; demande-lui l’anneau d’or qu’il porte au doigt, c’est un anneau magique que mon père me réservait, mais je veux qu’il t’appartienne désormais. »
Le Tsar fut très heureux de revoir sa fille, et il offrit à Simon tout l’or que celui-ci désirait. Le jeune homme refusa.
« Merci, dit-il, mais je ne désire pas tant d’or ; j’aimerais seulement l’anneau qui est à votre doigt ; il me rappellera votre fille, car j’y vois gravée une tête de serpent, avec deux pierres vertes pour les yeux. »
Le Tsar réfléchit un moment, puis, ôtant l’anneau de son doigt, il le remit à Simon et lui expliqua comment s’en servir. Simon remercia, salua respectueusement le Tsar Serpent, sa fille, et Aspid, fils adoptif du Tsar, qui se trouvait là. Puis il rentra chez lui.
Dès que sa mère fut endormie, ce même soir, il changea l’anneau de doigt ; douze jeunes garçons apparurent :
« Bonjour, Maître ! dirent-ils. Que désirez-vous ?
— Frères, répondit Simon, emplissez mon grenier de blé, de sucre, et d’un peu de beurre.
— Ce sera fait ! » dirent les garçons.
Et ils disparurent.
À son réveil, le jeune homme vit sa mère tremper quelques croûtes dures dans de l’eau et les mâcher de ses vieilles dents ébréchées. Il lui dit :
« Mère, pourquoi ne pétrissez-vous pas de la pâte ? Vous pourriez en faire des gâteaux moelleux !
— Tu rêves, mon fils ! Voici deux ans que nous n’avons pas eu à la maison une poignée de farine.
— Allez donc voir au grenier. »
En effet, il était plein ! Simon vendit la moitié du blé, acheta de la viande, et, à partir de ce moment, ils menèrent une vie plus aisée. Le pelage du chien et de la chatte, mieux nourris, luisaient.
Or, une nuit, Simon vit en rêve une ravissante jeune fille, mais, dès son réveil, l’image disparut. Désirant savoir si elle existait vraiment, et voulant, si possible, faire sa connaissance, il passa son anneau d’un doigt à l’autre. Les douze garçons apparurent aussitôt, attendant les ordres. Simon leur raconta le songe qu’il avait eu, et leur demanda de le conduire à l’endroit où habitait cette beauté. Une seconde plus tard, il se trouva dans un autre royaume. Là, il se renseigna auprès des gens du pays, leur décrivant la jeune fille entrevue dans son sommeil.
« Mais c’est la fille du Tsar ! » lui répondit-on.
Simon, changeant l’anneau de doigt, émit le désir d’être transporté au palais du Tsar, et, au même instant, il put y voir la princesse, encore plus belle que dans son rêve, qui se promenait dans le jardin. Avec un soupir de regret, il se fit reconduire chez lui. Il continua à mener sa vie de tous les jours, mais il était triste et en perdait le boire et le manger.
« Es-tu malade, mon fils, s’enquit la mère, ou es-tu amoureux ?
— Je suis amoureux ! »
Il raconta alors son histoire. Affolée, la pauvre femme s’écria :
« À quoi songes-tu ? Comment veux-tu épouser la fille du Tsar, toi, un fils de paysan ? Les Tsars sont des gens faux et rusés, ils se moquent bien de nous et peuvent même nous tuer. Épouse donc une fille du village, tu seras plus heureux !
— Mère, allez arranger les fiançailles » insista Simon.
Mais elle refusa. Le jeune homme, perplexe, eut soudain une idée ; changeant l’anneau de doigt, il appela les garçons.
« Je veux, dit-il, pour demain matin, une belle demeure, avec des appartements somptueux, et un lit en duvet de cygne pour ma mère.
— Il en sera fait ainsi » répondirent-ils.
Le lendemain matin, la mère ne put en croire ses yeux ; elle était si profondément enfouie dans son duvet de cygne qu’elle ne pouvait même plus se lever ! Et elle ne reconnaissait rien de ce qui l’entourait !
Simon entra dans la chambre, la salua et lui dit :
« Désormais, vous pourrez me fiancer à qui me plaira : je suis l’égal de tous, maintenant. Allez trouver le Tsar et la Tsarine, et demandez-leur la main de leur fille. »
La mère du jeune homme se décida alors à déposer sa requête. Elle se rendit au palais et pénétra dans la salle à manger au moment où le Tsar et sa femme prenaient le thé ; comme il était brûlant, ils versaient le liquide dans la soucoupe et soufflaient dessus. La princesse examinait son trousseau, rangé dans un coffre. Le Tsar et la Tsarine, trop occupés à refroidir leur thé, ne levèrent même pas les yeux lorsque la mère de Simon fut introduite.
Les voyant éclabousser la nappe, elle ne put s’empêcher de le leur reprocher :
« Le thé n’est pas de l’eau, pourquoi en renversez-vous ?
— Que veux-tu donc, femme ? demanda le Tsar.
— Je vous salue, dit-elle en s’avançant. Vous avez une marchandise à vendre, nous avons un acheteur. Acceptez-vous de donner votre fille à notre fils ?
— Et qui est le mari que tu nous proposes ? Peut-on connaître l’origine de la famille ? Qui est son père ? D’où vient-il ?
— C’est un paysan, son père s’appelait Grégoire. Il habite un village éloigné. N’avez-vous jamais entendu parler de lui ? demanda la vieille femme.
— Tu es complètement folle, dit la Tsarine éberluée, nous sommes déjà assaillis de prétendants, et tu t’imagines que notre fille épouserait un paysan ?
— Quelle sorte de paysan croyez-vous qu’il soit ? répliqua la mère de Simon offensée. Un fils de Tsar n’est rien, comparé à lui, et il peut épouser qui lui plait !
Le Tsar eut soudain l’idée d’une ruse et il dit :
— Que ton fils construise un pont de cristal, qui joigne la porte du palais à votre porte, pour nous permettre d’aller jeter un œil sur la maison du futur mari. »
La paysanne rentra chez elle et rendit compte à son fils de sa mission.
« Qu’à cela ne tienne ! C’est facile ! » s’exclama Simon.
Il changea son anneau de doigt et demanda aux douze garçons de lui construire pour le lendemain matin un pont de cristal, qui irait de sa porte à celle du palais, enjambant les rivières et les ravins. Il commanda aussi une machine roulante pour circuler sur le pont.
Toute la nuit, les environs résonnèrent des coups des marteaux et des grincements des scies. Le matin, le pont était achevé et la voiture attendait.
« Allez maintenant chez le Tsar, dit Simon à sa mère. Qu’il se prépare, je viendrai le chercher dans ma machine roulante. »
Dès qu’elle posa un pied sur le pont tout luisant, la pauvre femme, craignant de tomber, préféra s’asseoir ; le vent la poussa par derrière, et elle glissa ainsi jusqu’au palais. Elle s’en fut directement trouver le Tsar.
« Hier, lui dit-elle, vous avez demandé que mon fils construise un pont de cristal ; regardez donc à la fenêtre !
— C’est vrai ! s’exclama le Tsar. Ton fils peut faire des choses étonnantes ! »
Il enfila son pantalon de drap d’or, posa sa couronne sur sa tête, puis il appela la Tsarine et sortit sur le perron. Pour s’assurer de la solidité du pont, il sauta dessus, il vérifia la pureté du cristal, puis Simon fit son apparition, au volant de sa merveilleuse voiture.
« Prenez place, Vos Majestés, dit-il en ouvrant les portières, vous êtes nos invités.
— Je ne demanderais pas mieux, répondit le Tsar, mais je crains fort que mon épouse ne soit un peu effrayée !
— Jamais de la vie je ne grimperai dans cette machine-là ! criait la Tsarine. Elle va se renverser dans la rivière, et ce sera du joli !
— Je pense qu’il serait quand même préférable de monter, conseilla le Chambellan, sinon, on pourrait croire que vous avez peur ! »
Il fallut bien se résigner, et les souverains s’installèrent dans la voiture tandis que les courtisans s’accrochaient aux essieux et se suspendaient aux poignées. La machine siffla, rugit, frémit, sonna, lança de la vapeur et de l’air chaud, fit un bond en avant et démarra. Oscillant de droite et de gauche, elle traversa le pont.
À l’arrivée, le Tsar et sa femme étaient plus morts que vifs. La Tsarine hurlait :
« J’en suis malade ! Me voici tout échevelée ! Prends notre fille si tu veux ! Nous rentrerons à pied ! »
L’aventure se termina donc ainsi que l’avait désiré Simon. Le Tsar lui accorda la main de sa fille, et leur vie commune commença dans le bonheur.
Or, un jour, Simon et sa femme, fatigués par une longue promenade en forêt, s’étaient assis sous un arbre et le sommeil les avait surpris. Juste à ce moment-là, Aspid, le fils adoptif du Tsar Serpent, vint à passer. Il les vit qui dormaient et remarqua l’anneau au doigt de Simon ; il convoitait cet anneau depuis fort longtemps, car il en connaissait le pouvoir magique, mais le Tsar s’était toujours refusé à le lui donner et à lui en dévoiler le secret.
Aspid se changea alors en une ravissante jeune fille, plus belle encore que la femme de Simon. Puis, réveillant le jeune homme, il essaya de le convaincre de quitter son épouse ; Simon résista à la tentation et se rendormit.
Aspid prit alors l’aspect d’un charmant prince, et s’approcha de la princesse, qui ouvrit les yeux. Elle ne put s’empêcher de comparer cet élégant prétendant à son mari, au visage sale et peu attrayant.
« Qui es-tu ? demanda-t-elle.
— Je suis fils de Tsar et l’on me nomme ‘le Brave parmi les Braves’ !
— Moi aussi, je suis fille de Tsar !
— Que ne viens-tu avec moi ? insinua-t-il. Il ne te sera fait aucun mal ! »
La princesse accepta. Aspid la chargea alors de questionner son époux, pour connaître la façon d’utiliser l’anneau magique et pour se l’approprier.
En rentrant chez eux au bras de son mari, elle lui demanda le secret de sa bague, lui suggérant que ce serait une véritable preuve de son amour pour elle, s’il lui disait comment s’en servir. Simon le lui expliqua, et il lui passa même l’anneau au doigt, pensant qu’après tout, il lui serait facile de le récupérer quand bon lui semblerait !
Mais pendant la nuit, la princesse changea l’anneau de place, et, aussitôt, les douze garçons apparurent.
« Quels sont vos ordres, nouvelle maîtresse ?
— Transportez d’abord ce pont de cristal et cette belle demeure là où habite le Brave parmi les Braves ; et remettez ensuite Simon et sa mère dans leur vieille isba. »
C’est ainsi que Simon, fils de Grégoire, ne resta pas longtemps le mari d’une princesse ! Il se réveilla le lendemain matin dans sa pauvre maison. Ils se retrouvèrent donc à quatre, lui, sa mère, le chien, la chatte, et le grenier était vide. Il ne se lamenta pas, mais pensa que sa mère l’avait pourtant bien prévenu qu’épouser une princesse ne lui apporterait pas le bonheur ! Toutefois, il ne l’avait pas crue !
Peu après, le Tsar arriva en carrosse, fort étonné de ne plus voir ni château, ni pont de cristal, ni luxe, rien qu’une malheureuse isba. Il demanda des explications, Simon lui raconta toute l’histoire, mais le Tsar n’en crut pas un mot, et, furieux, fit jeter le jeune homme en prison.
La pauvre paysanne demeura donc seule sans personne pour s’occuper d’elle, et la nourriture vint à manquer. Suivie de la chatte et du chien, elle s’en alla mendier de porte en porte. L’hiver approchait, les jours raccourcissaient, et le froid commençait à se faire sentir.
Le chien un jour dit à la chatte :
« Ma chère, nous allons mourir si cela continue ! Reprenons l’anneau à la princesse ; notre maître nous a sauvés, à notre tour de le tirer de ce mauvais pas ! »
Ils se mirent tous deux en route, le chien flairant en tête, la chatte trottinant par derrière. Ce fut un long voyage, facile à raconter, moins facile à effectuer ! Ils atteignirent enfin le pont de cristal et l’ancien château de Simon, où ils avaient eux-mêmes vécu pendant un moment,
Le chien resta dehors, la chatte entra. Elle pénétra dans la chambre de la princesse qui dormait, l’anneau entre les dents. La chatte attrapa une souris et lui promit la vie sauve si elle se montrait complaisante. La souris grimpa sur le lit et chatouilla de sa queue le nez de la dormeuse.
Cela la fit éternuer, et l’anneau roula par terre. La chatte s’en saisit prestement et sauta par la fenêtre.
À son réveil, la princesse s’aperçut de la disparition de sa bague, mais la souris grignotait déjà des miettes dans la cuisine comme si de rien n’était ! Le chien et la chatte coururent sans s’arrêter, sans boire, sans manger, franchissant au galop les montagnes et les forêts, traversant les rivières à la nage, détalant à travers champs. La chatte, l’anneau magique sous la langue, n’ouvrait pas la bouche. Ils arrivèrent enfin près de leur village et il ne leur restait plus qu’une rivière à passer.
« Monte sur mon dos, ordonna le chien à la chatte, je vais nager ; toi, tiens bien l’anneau entre tes dents. »
Et il se jeta à l’eau ; à moitié chemin, il dit :
« Ne parle surtout pas, chatte, tu perdrais la bague ! »
La chatte ne broncha pas ; mais le chien répéta :
« Tais-toi ! »
L’animal, pourtant, n’avait même pas essayé de parler ! Le chien, de nouveau, ne put s’empêcher de recommander :
« Attention ! Pas un mot ! »
La chatte perdit patience et protesta :
« Mais je n’ai rien dit, voyons ! »
Et ce disant, bien entendu, elle ouvrit la bouche ! L’anneau tomba à la rivière. Gagnés par la colère, ils s’accusèrent mutuellement, le chien aboyant :
« C’est ta faute, tu parles trop ! » la chatte répliquant :
« Ce n’est pas vrai, c’est la tienne, tu as passé ton temps à japper, alors que je ne soufflais mot ! »
Juste au même moment, des pêcheurs, occupés à tirer leurs filets, les voyant se quereller, crurent qu’ils avaient faim et leurs lancèrent des déchets de poisson. Les deux bêtes, affamées, se jetèrent dessus. Mais leur dîner ne dura guère, car la chatte sentit tout à coup quelque chose de dur sous sa dent : c’était l’anneau magique ! Abandonnant leur repas, ils se précipitèrent à l’isba ou ils ne trouvèrent personne : la mère de Simon était partie mendier. Ils se rendirent en toute hâte à la ville, et se dirigèrent vers la prison.
La chatte grimpa sur les toits ; elle aurait bien voulu miauler pour attirer l’attention de Simon, mais elle ne pouvait le faire à cause de l’anneau qu’elle tenait sous sa langue. Dans la soirée, le jeune homme jeta un dernier regard à la fenêtre pour contempler le soleil couchant ; la chatte l’aperçut et gagna sa cellule par les gouttières.
Simon, tout heureux de la revoir, fut très touché de sa fidélité. La bête miaula et l’anneau roula sur le sol. Simon s’en saisit, le passa de doigt en doigt, et, aussitôt, les douze garçons apparurent.
« Salut, notre bon maitre, dirent-ils, que désirez-vous ?
— Transportez mon ancienne demeure et ses occupants là où elle se trouvait. Je voudrais aussi le pont de cristal ; toutefois, que l’autre extrémité ne soit pas à la porte du Tsar, mais au village voisin d’ici. »
Ainsi fut fait : le château de Simon revint à sa place initiale. Aspid et la princesse, obligés de quitter les lieux, n’eurent d’autre refuge que le palais du Tsar. Aspid conçut un tel dépit de la perte de l’anneau magique, qu’il en devint vipère, et, jamais plus il ne lui fut possible de reprendre forme humaine ! Il passa sa vie à siffler, et à se quereller avec la princesse.
Cependant, le Tsar n’oubliait pas Simon ; il lui arrivait même de songer :
« Ah, ce Simon était peut-être quelqu’un du peuple, mais il ne s’en montrait pas moins un brave garçon !
Et cet Aspid a beau venir de souche royale, il est quand même une vipère ! »
Simon et sa mère s’installèrent donc dans leur belle maison, avec le chien et la chatte. Il paraît que le jeune homme va tous les jours au village voisin avec sa voiture : c’est un petit voyage, en empruntant le pont de cristal ! J’ai oui dire aussi qu’il est fiancé à une orpheline de ce village, qui, dit-on, est encore plus belle que la princesse. Je suppose que le mariage se fera, qu’ils auront beaucoup d’enfants, et, alors… ce sera le début d’une autre histoire !
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